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2025 en 25 dossiers

Nous voici en 2025, un quart de siècle de fait dans le nouveau millénaire, 5 ans après le début de la pandémie et à l’aube de la première année du second mandat de Donald Trump. On peut dire que les années qui passent ne sont pas un grand fleuve tranquille. Il y a des avancées, des reculs.

Je profite de ce début d’année pour d’abord vous en souhaiter une belle, malgré les nuages à l’horizon, mais aussi pour faire un tour d’horizon de 25 dossiers grands et petits qui seront à surveiller en 2025. Désolé, ce sera un peu long comme chronique. Et vous savez quoi? Ça ne fait même pas le tour de tout ce qui intéresse Vivre en Ville! Aussi, n’y voyez pas d’ordre de priorité. Allons-y. 

  1. Élections municipales – Pour les collectivités québécoises, l’année sera électorale. On va travailler fort pour continuer à donner des idées aux aspirants et aspirantes élu·es, pour continuer de prioriser un agenda à la hauteur des défis sociaux et environnementaux de notre époque. L’Appel des Mairesses et Maires en action est une bonne première source d’inspiration. 
  2. Culture de l’aménagement et PNAAT – Le Québec a adopté en 2023 sa première Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire (PNAAT). Vivre en Ville est fière d’avoir contribué à ce jalon, notamment à travers l’animation de l’Alliance ARIANE. Un des objectifs était de contribuer à instaurer une véritable culture de l’aménagement du territoire pour augmenter la qualité des interventions publiques et privées dans nos collectivités et notre territoire. Des pas ont été faits, mais il en reste beaucoup à franchir pour y arriver. Il faut, dès maintenant, penser au prochain plan d’action à mettre en place en 2027 afin de maintenir ce momentum. 
  3. Sobriété énergétique – Le Québec aura besoin de beaucoup d’énergie pour assurer la décarbonation. Heureusement, la ministre Fréchette semble plus raisonnable dans ses demandes d’électricité pour les projets industriels. La meilleure manière d’avoir accès à de l’énergie disponible sera de réduire celle qu’on consomme déjà. Pour ça, il faudra oser parler de sobriété énergétique et de diminution de la demande, dans tous les secteurs de consommation, ce qui doit inclure les transports. 
  4. L’abondance de l’offre en habitation Nous l’avons dit et nous le répéterons encore en 2025: il ne peut pas y avoir de sortie crise durable en habitation, tant et aussi longtemps que les taux d'inoccupation seront aussi bas. Et il ne faut pas viser 3%, mais bien 7%. Accélérer les mises en chantier, sans compromis sur la qualité urbanistique ou environnementale, réduire les coûts de construction, faire croître la part du logement à but non lucratif sont tous des éléments essentiels pour atteindre cet objectif.
  5. Registre des loyers – Malgré le refus jusqu’ici de la ministre France-Élaine Duranceau de l’implanter à l’échelle nationale, les appuis au Registre des loyers continuent de se multiplier. En ce début d’année, le témoignage d’un locataire ayant réussi à réduire la hausse de son loyer de 600$ grâce aux informations disponibles sur le Registre de Vivre en Ville est une démonstration de plus de la pertinence d’institutionnaliser cet outil. Alors que le loyer des ménages ayant déménagé en 2023 a augmenté en moyenne de 20%, il est impératif de se donner des moyens de faire respecter le cadre légal. 
  6. Cul-de-sac pour le financement du transport en commun – La ministre Guilbault a acheté la paix en fin d’année en lançant assez d’argent pour assurer le gros du service actuel, mais elle a fait l’impasse sur l’avenir et sur la nécessité d’améliorer l’offre de service. Sans un nouveau cadre financier plus costaud, on sera encore en crise dans deux ans et surtout, le service va se détériorer. 
  7. Grands projets de transport en commun structurants – On doit s’assurer d’avancer promptement avec les grands projets de transport en commun déjà bien avancés, ou qu’on attend depuis longtemps, comme les tramway de Québec et Gatineau, et pourquoi pas le prolongement de la ligne orange dans l’ouest. Pour le reste de la région métropolitaine, il faudra s’assurer d’arriver avec des projets à la hauteur des besoins, comme avec le PSE dans l’Est. 
  8. Mobilité active – L’une des belles avancées des dernières années est la montée en force du vélo dans la pratique et les politiques publiques. Expansion du vélo en libre-service, démocratisation de l’assistance électrique, meilleures infrastructures ont fait bondir la part modale du vélo. Toutefois, il reste des ombres au tableau, notamment en matière de sécurité routière, où le bilan n’est pas reluisant pour les piétons depuis quelques années, particulièrement pour les personnes aînées. Il est plus que temps de vraiment adopter une approche de système sûr en sécurité routière (vision zéro décès, zéro blessure grave). 
  9. Localisation des équipements publics – Faire les bons choix de localisation pour les édifices publics est une des promesses les plus importantes de la Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire, mais elle est encore loin d’être tenue. Le gouvernement persiste dans un site peu accessible pour le futur hôpital de Gatineau. À Québec, on déplace des fonctionnaires plus loin du centre-ville. Sur nos rues principales, les SAQ sont toujours menacées de fermer. 2025, l’année de l’exemplarité de l’État, enfin?
  10. Avenir de nos cœurs de collectivités – La situation des noyaux villageois, artères commerciales et centres-villes du Québec demeure préoccupante. Entre crise de l’itinérance généralisée, transformation du commerce de détail et contrecoups de la pandémie, les différents paliers de gouvernement doivent en faire plus pour soutenir ces centralités aux rôles sociaux, culturels, identitaires et économiques aussi uniques qu’essentiels. Assurer la vitalité des noyaux villageois, ça devrait être LA grande priorité pour réussir l’occupation du territoire en milieu rural. C’est bel et bien une question existentielle, pour de nombreuses collectivités. 
  11. Commerces et services de proximité et villes des 15 minutes – Le concept de «ville des 15 minutes» est de plus en plus préconisé dans les planifications territoriales. En gros, celui-ci prévoit que la vaste majorité des activités du quotidien puisse se faire à 15 minutes à pied du domicile. À Vivre en Ville, nous aimions l’appeler la ville de proximité. Ce concept très porteur est toutefois mis à mal par la tendance à pousser les consommateurs et les citoyens vers des commerces et services toujours plus gros et dépendants de la mobilité automobile, au premier chef les méga-épiceries et les méga-écoles. Renverser cette tendance demandera beaucoup de volonté et de vision, sinon la ville des 15 minutes ne restera qu’un concept. 
  12. Nouvelles orientations gouvernementales en aménagement du territoire – Avec l’entrée en vigueur des nouvelles OGAT, les aménagistes de MRC de toutes les régions se mettent au travail avec de réviser les documents de planification (schéma d’aménagement et de développement). Résultat direct de la Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire, cette démarche sera névralgique, mais plusieurs questions se posent, notamment concernant les cibles et indicateurs, la cohérence interrégionale dans la gestion de l’urbanisation et la méthode qui sera utilisée pour évaluer les besoins en habitation par MRC. 
  13. Plans métropolitains d’aménagement et de développement et plans d'urbanisme (et de mobilité) – La métropole, la capitale et plusieurs villes québécoises sont à réviser leur planification territoriale; les PMAD et les plans d’urbanisme sont en processus de consultation. On note des avancées intéressantes un peu partout, notamment sur l’importance d’imbriquer la mobilité plus en profondeur dans cette planification, et de mieux protéger les espaces naturels. Mais souvent, on est loin des changements nécessaires pour prendre un véritable virage. À surveiller. 
  14. Révision de la Loi sur la protection et les activités agricoles – Le gouvernement a déposé avant les Fêtes le projet de loi 86, qui révisera la LPTAA. Si certaines dispositions sont très intéressantes, il reste des inquiétudes sur des aspects de nouvelles possibilités de dézonage. Vivre en Ville terminera son analyse dans les prochains jours afin de s’assurer que la protection du territoire restera la priorité de la LPTAA. 
  15. Biodiversité dans la planification territoriale – Depuis la COP15 sur la biodiversité tenue à Montréal en 2022, la destruction accélérée de la nature est remontée dans les préoccupations mondiales et québécoises. Le défi est maintenant de transcrire cet enjeu dans la planification et les règlements de tous les paliers de gouvernement, alors que l’étalement urbain reste une des principales menaces à la biodiversité. 
  16. Milieux de vie qui protègent les plus vulnérables - Adopter une lunette «équité» dans la transformation de nos collectivités, c’est ce que propose Vivre en Ville et ce que de plus en plus de villes commencent à faire. Pour réduire les inégalités, il va falloir investir davantage dans les quartiers où on trouve plus de personnes en situation de pauvreté. Plus d’arbres, un meilleur transport en commun, des services publics accessibles: c’est bon pour tout le monde, mais c’est encore plus essentiel pour les plus vulnérables, qui sont pourtant plus loin de l’oreille des personnes en situation de décision. 
  17. Systèmes alimentaires territoriaux – Alors que les changements climatiques font craindre pour la sécurité alimentaire à l’échelle planétaire, développer des systèmes alimentaires de proximité est en train de devenir, au Québec, un projet de société qui contribue à tisser des liens entre les personnes qui mangent, qui produisent, qui distribuent et autres acteurs. L’élaboration d’une nouvelle politique bioalimentaire est l'occasion de propulser les démarches nourricières et leur arrimage avec la planification territoriale locale. 
  18. Catastrophes naturelles – On le voit actuellement à Los Angeles, avec les feux de forêts qui ont dévasté des quartiers entiers, et on a pu le constater depuis 5 ans au Québec, avec la multiplication de différents types d'inondation: les occurrences et l’intensité des catastrophes naturelles n’iront qu’en augmentant. (Nous tiendrons d’ailleurs, ce printemps, le forum «Vivre avec les inondations»). Nous ne pourrons pas continuer à faire comme avant. Les assureurs ont déjà commencé à s’adapter en augmentant les primes, et en refusant d’assurer de grands pans de territoire. L'adaptation aux changements climatiques devra devenir un réflexe et une obligation. Mais il faudra le faire en gardant toujours en tête la nécessité de continuer à réduire nos émissions, sinon, la situation deviendra ingérable! 
  19. Participation publique en urbanisme – Tel qu’annoncé dans le nouveau partenariat entre le gouvernement du Québec et les gouvernements de proximité, un Chantier de travail en matière de consultation en aménagement du territoire et d’approbation référendaire a été lancé à la fin de 2024. Afin de nourrir la réflexion qui aura lieu au cours des prochains mois et d’en venir à des propositions en vue de changements au cadre légal, Vivre en Ville et des partenaires des milieux universitaires et professionnels organiseront en avril un événement thématique. 
  20. Santé et milieux de vie – Pollution de l’air, allongement des distances, manque de verdure, fermeture des commerces de proximité, enclavements routiers: nos milieux de vie sont très loin de bien protéger notre santé. Pour améliorer autant notre santé physique que mentale, réduire la dépendance à la voiture et redonner de la place à la nature sont des avenues incontournables. 
  21. Décarbonation des bâtiments – Au cours de la dernière Conférence des Nations-Unies sur la lutte aux changements climatiques, l’annonce du gouvernement du Québec qui a fait le plus couler d’encre a été son engagement de déposer un plan de décarbonation des bâtiments. Cet engagement découle en bonne partie du leadership municipal, pour lequel Vivre en Ville a mis l’épaule à la roue. Or, le diable est dans les détails, et plusieurs se questionnent sur les possibles échappatoires de ce plan. En ce début d’année, le gouvernement doit d’ailleurs répondre à la Communauté métropolitaine de Montréal quant à la validité de son règlement interdisant le branchement au gaz naturel de la plupart des nouveaux bâtiments construits sur son territoire. 
  22. Adaptation au vieillissement – Pour la majorité d’entre nous, vieillir vient tôt ou tard avec des capacités réduites et de nouveaux besoins en matière d’habitation, d’aménagement des rues, d’accès à des services. Le vieillissement de la population québécoise, qui va bientôt compter un quart de personnes de plus de 65 ans, est un révélateur de plusieurs lacunes de nos milieux de vie. Pour une société inclusive, et pour que tout ne repose pas sur la proche aidance et le bénévolat, il est urgent d’adapter nos collectivités aux besoins de tous les âges
  23. Écofiscalité – Le monde municipal réclame depuis longtemps une révision de la fiscalité locale. Les récents changements législatifs ont donné beaucoup de latitude aux municipalités. Est-ce que ce sera suffisant pour prendre le virage de l’écofiscalité? Probablement pas, mais à Vivre en Ville, nous allons continuer de promouvoir un allégement des taxes sur les milieux plus denses! Aux échelles nationale, fédérale et internationale, la tarification du carbone est la principale mesure d’écofiscalité et sa remise en question politique est probablement l’une des plus grandes menaces directes aux objectifs de réduction des gaz à effet de serre. 
  24. Sobriété territoriale – Tous les enjeux mentionnés précédemment ont, de près ou de loin, un fort ancrage territorial, et les solutions passent nécessairement par une redéfinition de comment on développe nos collectivités. Après des décennies de «toujours plus gros, toujours plus loin», force est de constater que ces choix nous ont menés à de trop nombreux cul-de-sacs aux conséquences économiques, sociales et environnementales désastreuses. Il est temps de prendre le virage d’une plus grande  sobriété territoriale, qui ne remettra pas en cause notre qualité de vie. Vous voulez en apprendre plus sur cette approche? Vivre en Ville tiendra son Rendez-vous Collectivités viables 2025 sur le sujet.
  25. Le risque de la fatigue environnementale – Pour finir, un risque qu’on voit se profiler à l’horizon: une certaine fatigue environnementale chez les citoyens et les institutions. Après avoir eu le haut du pavé pendant plusieurs années, les changements climatiques et la protection de l’environnement semblent être moins forts dans les préoccupations des décideurs. Pour des organisations comme les nôtres, le défi sera donc de renouveler le discours et surtout ne pas baisser les bras: nous ne pouvons nous le permettre collectivement.

Tous ces défis sont à relever dans un contexte difficile sur le plan budgétaire, alors que les gouvernements vont vouloir limiter les déficits et préserver leur marge de manœuvre pour faire face à d’éventuelles mauvaises nouvelles, notamment sur la scène internationale. Pourtant, investir dans l’amélioration de la résilience de nos collectivités, ce n’est pas du superflu mais bien de l’essentiel. C’est véritablement notre avenir qui s’y joue. 

Notice bibliographique recommandée :

SAVARD, Christian (2025). 2025 en 25 dossiers. Vivre en Ville. carrefour.vivreenville.org.

  • Auteur Christian Savard
  • Date de publication 15 janvier 2025

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