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Dossier spécial

Santé et nature de proximité

Il est aujourd’hui indispensable de penser la nature comme une composante à part entière des milieux de vie, à la fois pour la santé des écosystèmes et celle des populations. Ce dossier spécial rappelle les nombreux bénéfices de la nature de proximité pour la santé et explore comment planifier et aménager ces infrastructures de manière structurante, cohérente et équitable dans les milieux de vie.

Parc Pierre-Dansereau, Montréal

Il est aujourd’hui indispensable de penser la nature comme une composante à part entière des milieux de vie, à la fois pour la santé des écosystèmes et celle des populations. Ce dossier spécial rappelle les nombreux bénéfices de la nature de proximité pour la santé et explore comment planifier et aménager ces infrastructures de manière structurante, cohérente et équitable dans les milieux de vie.

Pourquoi la nature de proximité est-elle un levier de santé?

Les infrastructures naturelles constituent un réseau d’espaces verts et bleus, naturels et aménagés. Quand on parle de nature de proximité, on réfère donc aux infrastructures naturelles intégrées à même les milieux de vie et facilement accessibles. Pensons ainsi  aux arbres, aux parcs, aux jardins ou aux milieux naturels urbains.

Ces composantes soutiennent bien sûr la biodiversité, mais elles contribuent également à la santé humaine et à la qualité de vie. Déployer des infrastructures naturelles de proximité représente donc une stratégie de choix en matière de santé publique. Et elles s’avèrent d’autant plus vitales pour des populations devant composer avec des facteurs de vulnérabilité, comme les personnes aînées ou les populations défavorisées en milieu urbain.

Favoriser un mode de vie physiquement actif

La présence d'arbres et de végétation sur rue et le long des parcours crée un cadre plus agréable et confortable pour la pratique de modes de déplacement actifs, permettant notamment de se rendre à ses destinations du quotidien, comme les services de proximité, les écoles et les pôles d’emploi, à pied ou à vélo.

Les espaces verts de tout type constituent également des lieux tout indiqués pour bouger régulièrement, que ce soit par la pratique de plein air de proximité, d’activités sportives et physiques libres (p. ex. la marche, la course ou le yoga) et encore de sports organisés.

Soutenir le bien-être mental et social

L’exposition à la nature, via un contact direct ou même à sa seule vue, génère un effet réparateur qui contribue à réduire les sentiments négatifs, l’anxiété, la dépression et le stress.

Les espaces verts sont également reconnus pour soutenir la socialisation, en offrant l’occasion de tisser des liens sociaux et de participer à la vie en communauté. Les jardins partagés agissent également comme vecteur d’interactions sociales.

Améliorer la résilience des collectivités

Les infrastructures naturelles peuvent agir comme «solutions fondées sur la nature», notamment en réduisant le phénomène d’îlot de chaleur urbain, en filtrant certains polluants atmosphériques et en améliorant la gestion des eaux pluviales.

Dans un contexte de crise climatique, l'aménagement d’infrastructures naturelles de proximité constitue également une voie incontournable pour mieux s’adapter aux effets des changements climatiques, notamment aux vagues de chaleur plus fréquentes et virulentes, aux précipitations abondantes et aux périodes de sécheresse.

Des ressources incontournables

Une lunette d’équité territoriale en matière de nature de proximité

Le déficit d’arbres et d’espaces verts n’affecte pas toutes les personnes de la même façon. Miser sur la nature de proximité comme levier de santé demande donc de s’intéresser à qui en bénéficie réellement.

Les arbres et les parcs: parfois révélateurs d’iniquités territoriales

Des études réalisées dans différentes villes montrent que le couvert forestier, appelé canopée, s’avère effectivement plus faible dans les secteurs plus défavorisés matériellement.

L’accès aux parcs et espaces verts est aussi inégal, et la desserte présente parfois de fortes lacunes dans les secteurs défavorisés. On y retrouve alors des parcs en nombre insuffisant, mal répartis, de taille trop petite ou encore des barrières urbaines qui en limitent l’accessibilité. Il faut également considérer l’aménagement parfois inadéquat de certains parcs (p. ex. manque de bancs, de points d’eau ou de toilettes), qui peut freiner leur utilisation par des populations spécifiques, comme les personnes aînées.

Ces milieux bénéficient également moins des effets protecteurs des infrastructures naturelles.  Or, on sait que les secteurs défavorisés sont souvent plus exposés à certains risques  (p. ex. pollution atmosphérique, îlots de chaleur urbains).

Une lunette pour mieux prioriser les interventions

L’adoption d’une lunette d’équité territoriale en matière de nature de proximité requiert notamment de combiner deux types d'analyse:

  1. Identifier les secteurs où se concentrent les personnes vivant avec des facteurs de vulnérabilité économique ou sociale;
  2. Analyser comment se répartissent la canopée et les parcs, voire comment se répartissent les risques environnementaux sur lesquels les infrastructures naturelles peuvent agir.

Les secteurs plus défavorisés disposant d’une plus faible couverture de canopée et d’une plus faible desserte en parcs seront alors à prioriser, puisque l’aménagement d’infrastructures naturelles y aura un impact d’autant plus important sur les gens qui y habitent, leur santé et leur bien-être.

Pour éclairer les iniquités territoriales

Comment et où déployer les infrastructures naturelles de proximité

Planifier les infrastructures naturelles dans une perspective de santé publique devrait s’attarder aux objectifs suivants:

  • Verdir massivement les milieux de vie;

  • Faciliter l’accès aux parcs et espaces verts;

  • Consolider une trame verte et bleue au-delà du milieu de vie.

Des pratiques municipales au service de la nature de proximité

Pour ce faire, les municipalités gagnent à agir:

  • sur les rues, en aménageant des fosses de plantation, en plantant des arbres d’alignement et en créant des parcours vers les parcs et espaces verts;

  • sur les terrains publics, en optimisant le verdissement des terrains municipaux et des parcs et en aménageant de nouveaux espaces verts;

  • sur les terrains privés, en encadrant leur aménagement et en soutenant les initiatives citoyennes.

Ces mesures interpellent des pratiques municipales diverses, allant de la planification et la réglementation à l’intervention directe et l’incitation.

Les infrastructures naturelles de proximité, une facette des collectivités en santé

Aménager des milieux de vie qui soutiennent la santé, le bien-être et la qualité de vie requiert une réflexion englobante qui évite les effets pervers de certaines mesures et facilite le déploiement de stratégies à cobénéfices.

En matière d’infrastructures naturelles, il convient d’adopter une lunette multiscalaire qui mise non seulement sur la nature de proximité, mais également sur:

  • la conservation des milieux en périphérie, notamment en évitant d’y étaler les milieux urbanisés;
  • la mise en réseau des milieux naturels par des corridors écologiques.

Les municipalités sont aussi appelées à considérer simultanément la planification des infrastructures naturelles de proximité et d’autres chantiers incontournables des collectivités en santé:

  • la consolidation des milieux bâtis et l’offre en habitation;

  • la localisation écoresponsable des activités et les infrastructures de mobilité durable;

  • l’aménagement des rues et de l’espace public;

  • les diverses infrastructures alimentaires.

Pour identifier les stratégies gagnantes

Verdissement et densification: deux stratégies à optimiser pour la santé

L’aménagement d’infrastructures naturelles est parfois mis en opposition à la nécessaire densification des milieux déjà urbanisés. Pourtant, tous deux constituent des stratégies indispensables pour des milieux de vie favorables à la santé.

Nature et habitation, deux leviers de santé incontournables

L’habitation est l’unité de base d’un milieu de vie favorable à la santé. Vivre dans un chez-soi adéquat est un besoin primaire, permet de se protéger de divers risques et favorise l’épanouissement. Dans un contexte de crise de l’habitation, on constate cependant un manque criant d’unités d’habitation adaptées aux besoins des ménages et à leur budget. Construire plus de logements fait partie de l’éventail de solutions à déployer pour une sortie de crise durable.

La consolidation de milieux de vie déjà bâtis constitue une stratégie gagnante pour la santé à différents égards:

  • en augmentant le nombre de logements disponibles;

  • en donnant accès à plus de gens à des milieux de vie favorables à la santé;

  • en évitant d’empiéter sur les milieux naturels et les terres agricoles en périphérie, des infrastructures à plus grande échelle qui s’avèrent essentielles à la santé;

  • en constituant des occasions d’implantation de nouvelles infrastructures naturelles de proximité.

Vers une densification verte

Verdir et consolider les milieux de vie demande une réflexion conjointe pour optimiser les retombées et assurer les arbitrages parfois nécessaires. Ces arrimages jouent tant à l’échelle de la planification des milieux de vie qu’à celle des bâtiments et des terrains, à travers leur conception fine.

Concrètement, une densification verte devrait:

  • favoriser la requalification de terrains sous-utilisés, bien localisés;

  • limiter les surfaces minérales et imperméables, et notamment les surfaces de stationnement;

  • conserver les arbres déjà en place et adapter le projet en conséquence;

  • conjuguer la construction de bâtiments à la plantation d’arbres, notamment en marge avant;

  • offrir des espaces verts accueillants pour les personnes résidentes;

  • maximiser les surfaces végétalisées, au sol, sur les murs et les toits.

Pour concilier verdissement et densification


Cette initiative s'inscrit dans le projet Aménager pour la santé: accélérer l’action municipale pour des milieux de vie favorables à la santé et au bien-être et résilients aux crises sanitaires et climatiques. Ce projet est financé par le gouvernement du Québec, dans le cadre de la Politique gouvernementale de prévention en santé (PGPS).

Pour aller plus loin