Comment réconcilier nos banlieues avec l’aménagement du territoire et la mobilité durables? Ce dossier spécial présente un état des lieux de la banlieue et des pistes pour transformer ces espaces qui riment trop souvent avec sous-utilisation du sol et dépendance à la voiture.
Comment réconcilier nos banlieues avec l’aménagement du territoire et la mobilité durables? Ce dossier spécial présente un état des lieux de la banlieue et des pistes pour transformer ces espaces qui riment trop souvent avec sous-utilisation du sol et dépendance à la voiture.
Si le terme de banlieue définit avant tout un territoire en fonction de sa relation avec une ville-centre d’une agglomération, il évoque aussi des formes urbaines caractérisées par la faible densité, la prédominance de la maison individuelle, la ségrégation des activités et la desserte par le réseau routier supérieur. Force est de constater que ces formes semblent se répéter à l'identique d'un océan à l'autre, y compris dans une grande partie des milieux villageois.
Lotissements de maisons individuelles, zones industrielles, centres commerciaux, strips commerciales, parcs d’affaires, campus institutionnels, le tout fragmenté d’autoroutes, bretelles et routes à numéros: même si les banlieues peuvent différer entre elles sur le plan des formes, elles constituent toutes le royaume de l’automobile et cette situation n’est pas le fruit du hasard. Leur développement repose sur l’abondance perçue et l’abordabilité du territoire disponible, ce qui conduit au surdimensionnement des parcelles, mais aussi à l’accroissement rapide des distances à parcourir que la voiture permet désormais de couvrir plus rapidement.
Ce sont bien des décisions politiques et urbanistiques qui ont entériné la forte dépendance des banlieues à l’automobile. La forte croissance démographique puis économique d’après la Seconde Guerre mondiale s’accompagne de financements et de pratiques d’aménagement visant à offrir un accès élargi à la propriété en périphérie des centres urbains. La perspective de cet accès devient non seulement un mode de vie recherché, mais également un puissant moteur économique.
Les conséquences de la planification urbaine centrée sur la voiture sont de plus en plus visibles, partout en Amérique du nord. Cette transformation de nos milieux de vie s'accompagne de multiples problèmes environnementaux, économiques et sanitaires.
Artificialisation des sols, effondrement de la biodiversité, perte de terres agricoles, explosion des coûts des infrastructures, éparpillement des activités, croissance continue des distances parcourues en automobile et du taux de motorisation, de la sédentarité et des collisions routières, banalisation du paysage, pénurie de terrains industriels, etc. L’état de la banlieue a l’effet d’une douche froide et ses écueils semblent irrémédiables.
Pour éclairer sur les problèmes fondamentaux de l’aménagement des banlieues:
Étalement urbain: une catastrophe écologique et économique à endiguer: un billet de blogue pour alerter sur les conséquences majeures de l’étalement
La localisation des activités et les émissions de gaz à effet de serre et Le poids de l’éparpillement: une étude et sa synthèse qui montrent l’empreinte écologique accrue des pôles socioéconomiques de banlieue
Deux poids, deux mesures: comment les règles de financement des réseaux de transport stimulent l’augmentation continuelle du réseau routier
La grande taille des rues et la sous-utilisation des parcelles, qui sont caractéristiques des banlieues, sont bien sûr à la source de nombreux problèmes, mais elles sont aussi le germe de leur propre transformation. Une chaussée trop large peut être rétrécie pour accueillir des banquettes végétales, des trottoirs, des voies réservées ou des pistes cyclables. De grands terrains multiplient les possibilités de requalification.
Si les banlieues ont le potentiel de devenir des milieux de vie durables, conviviaux et complets, il est vrai que les efforts à y déployer pour amorcer et réussir leur transition peuvent être plus importants qu’ailleurs. Vivre en Ville propose une série de pistes et de solutions à la portée des municipalités pour réinventer les banlieues, sans pour autant affaiblir les centralités ni déstructurer le territoire.
Sur le plan de la consolidation du territoire, c’est le potentiel des divers milieux de banlieue, en matière de localisation, d’accessibilité ou encore de forme, qui guide les municipalités dans le choix des interventions pour optimiser le territoire. Cela peut se traduire, entre autres:
par des modifications réglementaires permettant un renouvellement plus dense du parc résidentiel et avec une typologie de logement plus variée;
par la requalification de friches, de dents creuses et de grands terrains sous-utilisés, comme les aires de stationnement de surface et les centres d’achats en déclin;
ou encore par la transformation urbaine de zones accessibles et au cœur de bassins résidentiels pour y faire émerger des centralités de quartier à échelle humaine.
Pour orienter la consolidation du territoire:
Croître sans s’étaler, deux ouvrages qui proposent des outils et des études de cas pour réinventer les banlieues
Nouvel urbanisme et requalification des banlieues: un entretien avec Ellen Dunham-Jones abordant l’histoire et le futur des banlieues
Auckland: résultats de l'augmentation de la capacité résidentielle
Unités d’habitation accessoires: quel rôle dans la densification?: des pistes pour densifier les quartiers de maisons individuelles
5 idées phares pour maximiser les retombées du Missing Middle Housing: une série d'articles sur des façons de faire émerger les habitations de moyenne densité dans les banlieues
À l’échelle de l’agglomération, la planification à partir du concept de transit oriented development (TOD), s’appuie sur une densification ciblée autour des arrêts de parcours de transport collectif à haut niveau de service pour :
renforcer ou de faire émerger des centralités de banlieue;
créer des milieux de vie dynamiques et optimiser l’utilisation des infrastructures existantes;
rentabiliser les nouvelles infrastructures.
À l’échelle locale, la municipalité peut prévoir des interventions pour améliorer la connectivité et la hiérarchie de la trame viaire ainsi que pour privilégier les modes collectifs et actifs, y compris à travers des environnements favorables, tant sur les rues résidentielles que pour les boulevards.
Pour orienter l’approche en transport:
Transformer les boulevards et routes à vocation commerciale: un guide pour requalifier les strips commerciales en milieux de vie conviviaux et sécuritaires
Retisser la ville - Outils: des outils pour [ré]articuler urbanisation, densification et transport en commun à partir du concept du transit-oriented development (TOD)
Retisser la ville - Études de cas: des leçons de cinq expériences de TOD