Étalement urbain zéro

Un phénomène en progression

Depuis des décennies, nombreux sont les acteurs qui se mobilisent pour freiner l’étalement, mais force est de constater que les efforts déployés sont insuffisants. Au contraire, l’étalement s’est accentué et avec lui,  les problèmes en cascade que posent la destruction de milieux naturels et agricoles, d’une part, l’augmentation des distances à parcourir et la dépendance à l'automobile, d’autre part.

Urbanisation, étalement urbain, consolidation… qu’est-ce qui est quoi?

L’urbanisation est le phénomène de croissance des villes et de leur population. Cette croissance peut prendre plusieurs formes, dont l’étalement et la consolidation.

L’étalement urbain réfère à la croissance du territoire urbanisé, en extension ou en périphérie des milieux déjà bâtis. Il est motivé par le faible coût du foncier et une logique de déplacements autoroutiers. Juxtaposé à une ville ou un village sans nécessairement s’y rattacher, l’étalement mène généralement à un éparpillement des activités et des habitations sur le territoire. De ce fait, il contribue rarement au renforcement des milieux autour duquel il gravite.

Quant à elle, la consolidation consiste à accueillir la croissance dans les secteurs déjà urbanisés. Elle vise à optimiser l’occupation de l’espace et l’utilisation des infrastructures et des services publics, par le réaménagement de quartiers plus compacts. La consolidation permet de miser sur les qualités des quartiers existants et de les mettre à profit pour un plus grand nombre de personnes.

L’urgence d’un changement de paradigme: viser un étalement urbain zéro

Si bien des collectivités mettent de l’avant la densification pour absorber une partie de leur croissance, trop souvent, ces efforts sont dilués par l’autre partie de la croissance qui se fait encore sous forme d’étalement. On consolide d’un côté et on étale de l’autre.

Maintenir le statu quo est un choix intenable au regard des défis collectifs auxquels nous faisons face: il est temps de changer de modèle et de reconstruire la ville sur la ville. Il faut viser un étalement urbain zéro.

Pour y arriver, les municipalités régionales et locales doivent s'atteler à diriger la croissance dans les secteurs déjà urbanisés. Au-delà, des changements structurels sont aussi nécessaires en matière de fiscalité municipale et de financement des transports, sans quoi, l’étalement sera toujours la réponse la plus facile.

S’éloigner des fausses bonnes idées

Les projets d’urbanisation dits «écologiques» sont nombreux: écoquartiers en milieu forestier, urbanisation en grappes visant à préserver des corridors écologiques, nouveaux quartiers de banlieues denses, etc.

Si ces formes d’urbanisation permettent de limiter, dans une certaine mesure, la destruction de milieux naturels, elles n’en constituent pas moins de l’étalement urbain… aussi dense soit-il. Elles ne contribuent pas à renforcer et à dynamiser les centralités existantes, à enrayer la dépendance à l’automobile, ni à limiter la coûteuse expansion des services et infrastructures municipales.

Sur la voie des collectivités viables, l’étalement ne fait pas partie des solutions.

Reconnaître l’étalement urbain:

• Construire sur des golfs : étalement ou consolidation? Une chronique pour y voir plus clair.

Comment optimiser le territoire urbanisé?

Reconstruire la ville sur elle-même exige une vision ambitieuse et une planification qui mise sur les courtes distances, en structurant le territoire autour d’un petit nombre de centralités fortes, qui mise sur la consolidation et la requalification des milieux de vie et qui prend en compte le risque d’alimenter l’étalement à chaque décision collective. 

Pour orienter la démarche de planification:

• Bâtir au bon endroit: un guide pour structurer le territoire autour des centralités et éviter de diluer ses efforts
• Croître sans s'étaler 1 et Croître sans s'étaler 2: deux ouvrages pour guider et inspirer les collectivités dans des solutions de consolidation et de requalification des milieux urbanisés

• Désormais: un mémoire pour assumer le leadership de l'État en aménagement du territoire et imposer un « Test territoire » aux décisions gouvernementales et municipales

Planifier l’essor de la mobilité durable

La fin à l’étalement urbain est intimement liée à la fin de la dépendance à l’automobile, autrement dit, à l’essor de la mobilité durable. 

Pour orienter l’approche en transport:

• Transport collectif et aménagement urbain: le paradoxe du gouvernement Legault: une chronique pour creuser le lien entre étalement et choix collectifs sur notre mobilité

• Retisser la ville (Outils) et Retisser la ville (Études de cas): deux ouvrages pour guider et inspirer les collectivités dans la conception de transit-oriented developments

• Retisser la ville: le défi du TOD: un reportage pour imaginer les quartiers conçus autour du transport en commun capables de lutter contre l’étalement urbain