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La sobriété foncière: condition sine qua non d'une action climatique efficace

Cet article rédigé pour la revue Urbanité discute des stratégies des municipalités pour accompagner la croissance démographique tout en limitant l'étalement urbain et les émissions de GES, en mettant l'accent sur la sobriété foncière et l'optimisation de l'espace urbain existant.

Saint-Jean-Baptiste, Québec | Source : Vivre en Ville
Cet article a initialement été publié dans la Revue Urbanité en Hiver 2023. Il est reproduit ici avec autorisation.

Grâce à leur compétence sur l’aménagement du territoire, les municipalités tiennent un rôle de première importance dans la transition écologique. Elles ont le pouvoir de réduire notre empreinte, à la fois en matière de consommation du territoire et d’émissions de GES liées aux transports. Alors que la croissance de la population appelle une croissance du parc de logements et d’activités, comment planifier pour qu’elle n’entraîne pas la destruction des milieux naturels et agricoles ni ne plombe nos émissions collectives de GES liées aux transports ?

Dissocier croissance démographique et étalement urbain

La croissance démographique se dirige essentiellement vers la périphérie des grands centres urbains et devrait continuer de le faire dans les vingt prochaines années (ISQ, 2022). Elle se traduit par un étalement urbain qui ne fait que s’accélérer. Cela pose deux menaces au regard du climat. En entraînant l’artificialisation de milieux naturels et agricoles, l’urbanisation hypothèque la prévention des inondations et la résilience aux vagues de chaleur, mais aussi la biodiversité. De plus, les nouveaux ménages ont des distances toujours plus grandes à parcourir et se retrouvent dépendants de l’automobile, rendant inévitable l’augmentation des émissions de GES liées à la mobilité, que l’électrification des transports ne pourra pas compenser. Il est essentiel d’adopter un autre modèle pour accueillir la croissance démographique.

Adopter le principe de sobriété foncière

Ce modèle s’appuie sur le principe de sobriété foncière, qui prend ses distances avec l’artificialisation du sol et qui valorise l’optimisation de l’utilisation de celui-ci. À l’échelle régionale, cela signifie le resserrement du périmètre d’urbanisation, et à l’échelle de la parcelle, la densification.

Les MRC peuvent jouer un rôle structurant pour guider la planification locale. C’est le cas de la MRC de l’Érable qui a invité ses onze municipalités à un exercice de caractérisation de la structure urbaine mené par Vivre en Ville. Cette réflexion a fait ressortir les défis et atouts, mais aussi les potentiels à saisir pour consolider les municipalités, accueillir davantage de logements, améliorer la mobilité active et renforcer les cœurs villageois. À l’échelle régionale, la MRC est alors en mesure d’intégrer les faits saillants ressortant à l’échelle locale, lors de la révision de son schéma, afin d’appuyer efficacement l’évolution de chaque municipalité. 

La Paroisse de Plessisville, qui ceinture la Ville de Plessisville, présente des opportunités de consolidation de multiples natures. | Source : Vivre en Ville.

Utiliser la croissance démographique pour faire décroître les émissions de GES 

Pour multiplier les bénéfices de cette approche, les municipalités gagnent à appréhender la sobriété foncière jusque dans la gradation des efforts de consolidation entre les différents milieux déjà urbanisés. Au-delà du fait de contenir la croissance urbaine à l’intérieur des limites actuelles de l’urbanisation, il s’agit de mettre la croissance démographique au service de la décroissance des émissions de GES par habitant.

Chaque milieu de vie offre en effet à ses résidents et visiteurs un cadre inégal en matière d’émissions de GES liées aux transports. Certains secteurs présentent une meilleure proximité aux emplois et aux services du quotidien, une trame de rues perméable et favorable aux déplacements actifs, une bonne desserte en transport en commun et un cadre de vie convivial qui invite à marcher ou à faire du vélo. Ils offrent la possibilité de faire des déplacements locaux courts et avec des modes de déplacement à plus faible empreinte. Statistiquement, les habitants de ces secteurs auront une empreinte plus légère que ceux des autres secteurs. En y accueillant les nouveaux ménages, la municipalité réduit son bilan carbone par ménage. 

Pour guider la croissance et la planification de la consolidation, la spatialisation des milieux favorables à la réduction des émissions de GES liées à la mobilité des résidents est une méthode d’analyse tout indiquée.

La carte des émissions de GES par secteur constitue une étape charnière en amont de la planification. | Source : Vivre en Ville.

Repérer les potentiels de consolidation 

Le principe de sobriété foncière appelle une optimisation des milieux déjà urbanisés, et en priorité, de ceux qui permettent de réduire le bilan carbone. Pour y arriver, il s’agit de recenser les espaces propices à la densification ou à la requalification dans les milieux à bon potentiel de réduction du bilan carbone. Une telle étude de consolidation chasse la perception selon laquelle ces milieux seraient « pleins » en révélant un nombre surprenant de terrains sous-utilisés : terrains vacants, bâtiments désaffectés, stationnements de surface, terrains dont la valeur ou la superficie excèdent largement celle des bâtiments. Reconfiguration, rehaussement, agrandissement, subdivision parcellaire, démolition-construction, requalification d’ensemble, consolidation de la centralité, les interventions possibles sont multiples et à ajuster au type de milieu. 

La recension des terrains sous-utilisés est l’occasion de réfléchir au devenir souhaitable de la collectivité. Les terrains identifiés peuvent représenter des parcelles stratégiques à long terme pour guider la transformation des secteurs. | Source : Vivre en Ville. 

Planifier l’optimisation foncière dans les municipalités

De nombreuses municipalités adoptent, avec l’appui de Vivre en Ville, l’optimisation foncière comme stratégie de planification pour réduire leur empreinte et répondre aux enjeux de vitalité et de qualité du cadre de vie.

À Nicolet, le développement de la collectivité s’est fortement orienté autour du boulevard Louis-Fréchette (route 132) avec le temps, au détriment du centre-ville, qui demeure toutefois le cœur identitaire. L’évaluation des terrains vacants ou à requalifier a permis de mettre en évidence un potentiel de consolidation significatif. La création de logements et d’activités au cœur de la ville, ou à proximité immédiate renforcerait ce secteur, tout en limitant la pression foncière pour l’étalement urbain. 

Les interventions proposées permettent d’envisager l’accueil de nouveaux logements de divers types, d’une hauteur généralement limitée à deux ou trois étages, de sorte à s’intégrer au cadre bâti actuel. | Source : Vivre en Ville.

À Trois-Rivières, une réflexion exploratoire menée par un élu municipal quant au devenir du centre commercial Les Rivières, localisé dans un secteur à bon potentiel de réduction des émissions de GES, a conduit à planifier sa requalification en un cœur de quartier rassembleur, capable d’accueillir un grand nombre de logements et de transformer le quartier. 

Sur le site du centre commercial, la réinvention de l’offre commerciale et la création d’un milieu de vie dense pourraient s’appuyer sur un cadre bâti renouvelé et une centralité renforcée qui générerait de la proximité. | Source : Vivre en Ville.

Cette réflexion n’a de sens que si elle est intégrée dans le plan d’urbanisme et dans la réglementation. Les collectivités peuvent notamment associer les limites des secteurs faiblement et moyennement émetteurs à des formes différentes de densification et d’accueil d’activités dans le règlement de zonage. 

De l’audace pour passer des intentions à l’action

La volonté de préserver les milieux naturels et agricoles et de faire efficacement décroître les émissions de GES pousse les municipalités à rompre avec l’étalement urbain. La sobriété foncière offre un cadre de réflexion fécond pour y parvenir et miser sur une croissance réparatrice. La France vise « zéro artificialisation nette », soit le fait que toute urbanisation d’un terrain non bâti soit compensée par la renaturalisation d’un terrain de superficie équivalente. Vivre en Ville appelle les acteurs municipaux du Québec à faire preuve d’audace et à utiliser des outils de planification et d’aménagement à la hauteur du défi que représente la lutte contre les changements climatiques.

Références

RUBY, Françoise. « Collectivités viables : Saint-Elzéar réécrit ses règles d’aménagement pour mieux occuper le territoire villageois », Cent degrés, 2018. [En ligne] : https://centdegres.ca/ressources/collectivites-viables-saint-elzear-reecrit-ses-regles-d-amenagement-pour-mieux-occuper-le-territoire-villageois.

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Notice bibliographique recommandée :

VIVRE EN VILLE (2023). « La sobriété foncière : condition sine qua non d'une action climatique efficace ». Urbanité, Hiver 2023, p. 25-27.

Cet article est paru dans la Revue Urbanité en Hiver 2023.

Urbanité est la revue officielle de l’Ordre des urbanistes du Québec. Il est possible de consulter en ligne cette publication qui paraît trois fois par année.

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