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La gestion des chantiers : facteur essentiel d'adhésion aux transformations urbaines

Si on parle beaucoup des résultats finaux des transformations urbaines (c.-à-d. ajout de logements dans les milieux de vie existants, aménagement d’infrastructures de mobilité active et de transport en commun), on parle assez peu des enjeux liés à la phase de chantier. Or, la reconstruction de la ville sur elle-même génère sans contredit des préoccupations, voire même des irritants, pour la population qui réside dans un lieu ou qui le fréquente. L’objectif de cet article est d’exposer et de comprendre les implications et l’importance de la gestion des chantiers dans l’accélération des transformations urbaines.

Panneaux d’information sur les transformations en cours au centre-ville de Granby. Source : Vivre en Ville

Le chantier : élément central de la transformation urbaine

L'urbanisation nouvelle permet de camoufler plusieurs irritants liés aux chantiers, de par l’absence de voisinage ou de fréquentation préalable d’un lieu. La reconstruction de la ville sur elle-même expose pour sa part ces points de friction au grand jour. Ainsi, pour favoriser une meilleure adhésion aux transformations urbaines dans les milieux déjà construits, il est primordial de prendre en compte la phase de chantier qu’elles généreront.

Étant donné que l’ampleur et la durée des chantiers peuvent grandement varier, les impacts négatifs de ceux-ci sont ressentis à différents degrés par la population résidente ou celle qui fréquente les lieux touchés. Les habitudes de déplacement doivent être modifiées pour s’ajuster aux nouveaux parcours. Les chantiers peuvent également être la source de différents irritants tels que la poussière, le bruit et un sentiment de sécurité altéré notamment par le passage de camions. La première étape pour entamer une réflexion constructive sur la gestion des irritants provoquées par les chantiers est avant tout de reconnaître leur existence et leurs impacts négatifs sur le voisinage.

Les irritants émanant des chantiers sont en partie inévitables et subjectifs (Vivre en Ville, 2020). La perception que chacun en a diffère en fonction d’une foule de critères qui émanent autant des contextes collectifs qu’individuels :

  • Ampleur du chantier

    • Est-ce que le chantier couvre une grande superficie?

    • Est-ce qu’il empiète sur la voie publique?

    • Y a-t-il plusieurs chantiers en opération en même temps dans le milieu de vie?

    • Est-ce que les irritants impactent plusieurs sphères de la vie du voisinage (p. ex. mobilité, offre altérée de services et commerces, tranquillité, propreté)?

    • Est-ce que les irritants se font sentir à l’intérieur du domicile?

  • Nature du projet

    • Est-ce que le projet contribuera à répondre aux besoins (actuels ou anticipés) ?

    • Est-ce que le projet fini sera abordable?

    • Est-ce que le projet a mauvaise presse dans les médias?

  • Temporalité du chantier

    • Est-ce que le voisinage sera encore le même lorsque le projet sera complété?

    • Est-ce que les irritants se feront sentir sur une courte ou longue période?

    • Est-ce que les irritants se feront sentir uniquement le jour ou même pendant la nuit?

    • Est-ce que les irritants seront subis de façons soutenues ou sporadiques?

    • Est-ce que le chantier semble occupé ou parfois à l'abandon?

    • Est-ce que le milieu de vie en transformation a un historique de forts irritants liés au chantier?

  • Disponibilités des informations sur le chantier

    • Est-ce que les informations ont été communiquées avant même l’ouverture du chantier?

    • Est-ce que la nature du chantier est claire?

    • Est-ce que l’échéancier est clair et respecté?

    • Est-ce que la population du voisinage peut accéder à plus d'informations facilement?

    • Est-ce que la signalisation est suffisante ou trop abondante?


Pour davantage de pistes au sujet du dialogue constructif sur la densification, vous pouvez consulter la trousse pour l’adoption de pratique de bon voisinage à l’intention des promoteurs, et spécifiquement la fiche no 4 sur les chantiers.

Au-delà du chantier lui-même, la nature du projet revêt un rôle important dans la perception entourant la phase de chantier. Ainsi, on doit se poser les questions suivantes :

  • Est-ce que le projet contribuera à répondre aux besoins (actuels ou anticipés) ?

  • Est-ce que le projet fini sera abordable?

  • Est-ce que le projet a mauvaise presse dans les médias?

Pour d'autres pistes concernant l'évaluation des projets au regard des objectifs d'une densification souhaitable, vous pouvez consultez et vous appropriez le questionnaire d'évaluation de projets.


Quels critères pour une phase de chantier réussie?

Il n’y a évidemment pas de chantier complètement dénué d'irritants, tant pour la population résidente que pour les personnes qui passent habituellement ou occasionnellement par là. Ceci étant dit, ceux-ci peuvent être atténués au moins en partie si le chantier est, dans la mesure du possible, prévisible, sécuritaire et esthétique.

Un chantier prévisible

La prévisibilité d’un chantier est cruciale pour plusieurs raisons. Celle-ci permet de créer un climat de confiance entre la municipalité, l’organisation qui opère le chantier et la population avoisinante. Si l’échéancier est clair, détaillé, respecté et bien communiqué, il est plus facile pour le voisinage d’accepter et de relativiser certains irritants. Si une information claire est communiquée, même en cas de changements à l’échéancier, le voisinage a la chance de se préparer en conséquence, par exemple en quittant son domicile ou son lieu de travail lorsque la machinerie bruyante est en opération.

Pour améliorer la prévisibilité d’un chantier, il est important de bien communiquer quels seront les irritants à venir pour les personnes qui vivent à proximité ou traversent le secteur et de garder ce canal de communication ouvert tout au long du processus. Il ne faut pas chercher à minimiser l’importance des impacts du chantier au risque de briser une relation de confiance qui peut être déjà assez difficile à établir entre les différentes parties prenantes. Il importe de pouvoir savoir en tout temps comment accéder aux services, commerces, lieux de résidence et rues impactés par le chantier. Ces informations peuvent être communiquées avant même l’ouverture du chantier pour laisser le temps à tout le monde de s’approprier les bouleversements (même temporaires!) à venir.

Un chantier sécuritaire

Les enjeux de sécurité influencent fortement ce qui nous fait opter pour un chemin ou un autre, ou un mode de déplacement ou un autre. Ainsi, la présence d’un chantier ne doit pas alimenter le sentiment que les modes de déplacement autres que motorisés sont non sécuritaires en ville. Pour s’assurer qu’un chantier soit convivial, il doit proposer à toutes les usagères et à tous les usagers (marche, vélo, avec poussette, en fauteuil roulant, etc.) des parcours alternatifs au moins aussi sécuritaires et efficaces que les parcours initiaux. Il est donc important d'aménager des passages piétonniers temporaires qui permettront d’être à l’abri des autres véhicules. Une simple déviation des trajets des personnes marchant sur le trottoir vers la rue n’est pas suffisante. Les entreprises opératrices de chantier doivent également s’assurer de l’accessibilité universelle de leur passage temporaire en veillant à ce qu’il n’y ait pas d’obstacles au sol. Il est donc important de couvrir les bases des clôtures de chantier et de placer des rampes de protection de câbles et de tuyaux, par exemple.

Rampe d’accès au trottoir pour les personnes à mobilité réduite à Montréal (Vivre en Ville, 2021)

Lorsqu’une piste cyclable est entravée par un chantier, des chemins alternatifs doivent être aménagés. Ceux-ci doivent être faciles à suivre et protégés de la circulation automobile. Trop souvent, les parcours alternatifs créés pour éviter une zone de chantier font converger les différents modes qui n’avaient qu’une seule voie pour chacun d’entre eux avant la zone de chantier. Cette situation provoque souvent des conflits d’usages qui mettent à risque les personnes les plus vulnérables, c’est-à-dire celles se déplaçant en mode actif et, au premier chapitre, les personnes à mobilité réduite. Il est également crucial que la signalisation indique clairement les chemins alternatifs. Un manque de clarté à ce niveau peut pousser des piétons à emprunter des voies réservées aux automobiles ou tout autre chemin plus risqué. Si les chemins alternatifs sont trop longs, ne semblent pas logiques ou paraissent uniquement conçus pour faciliter la circulation automobile, les piétons ou cyclistes risquent de les délaisser pour emprunter des chemins plus risqués.

La question de la signalisation est centrale dans la gestion des chantiers. Celle-ci doit être claire et facile à comprendre d’un simple coup d’œil, y compris pour les personnes ayant une incapacité sensorielle. Les éléments de signalisation trop effacés, mal positionnés, pas assez nombreux ou même trop nombreux peuvent augmenter les chances que le message que cette signalisation porte soit ignoré par les personnes circulant autour du chantier. La signalisation humaine, plus dynamique, est également essentielle pour montrer que la machinerie nécessaire au chantier est utilisée de façon consciente et sécuritaire.

Un chantier esthétique

Une dimension souvent ignorée dans la gestion des chantiers est l'esthétique. Nous avons tendance à tenir pour acquis qu’un chantier est de facto un lieu transitoire dont il faut accepter la laideur un certain temps pour ensuite bénéficier des effets positifs du produit fini. Étant donné que la ville est en constante métamorphose, il est impératif de concevoir la phase de chantier des projets de transformation urbaine non pas comme un fardeau à endurer, mais comme une dimension transitoire à intégrer à l’identité esthétique de la ville (Fréchin, 2022).

Au-delà de la dimension sécuritaire, la propreté des lieux est cruciale pour donner une impression de contrôle sur ce chantier. Il est important que le chantier n’ait pas l’air négligé ou laissé à l’abandon. Dans un contexte dans lequel la dimension subjective des irritants est au moins aussi importante que leur dimension objective, les apparences sont importantes. Un chantier propre autant que possible et où les matériaux sont bien rangés contribue à réduire les perceptions négatives, autant sur la phase de chantier que sur le projet lui-même.

Pour permettre une meilleure intégration esthétique dans la ville en transformation, il est pertinent de chercher à créer une identité visuelle dont certains éléments sont uniformisés à travers la ville. Cette répétition d’éléments visuels permet aux chantiers de ne pas paraître comme des exceptions, mais bien comme des éléments constitutifs de la ville évolutive. Pour créer cette identité visuelle, pourquoi ne pas faire appel à l’art urbain qui viendrait rendre davantage conviviaux ces lieux transitoires? Finalement, pourquoi ne pas intégrer du verdissement dans la zone de chantier?

Pour une meilleure intégration de la phase de chantier dans la vie urbaine

Cet article n’a fait qu’effleurer la vaste question de la place des chantiers dans l’accélération des transformations urbaines. Pour davantage d’exemples, d'idées et de réflexions, vous pouvez consulter les références suivantes :

BRUSSELS ENVIRONNEMENT (2018). « Communication relative au chantier ». Guide bâtiment durable.brussels. [En ligne] (consulté le 14 décembre 2023)
FRÉCHIN, Jean-Louis (2022). Quelle esthétique pour la ville en transformation?, Paris, Pavillon de l’Arsenal, 239 p. [PDF]
SENNSE (s.d.). « La communication chantier ». SENNSE. [En ligne] (consulté le 14 décembre 2023)
VIVRE EN VILLE (2020). Relever les défis de la densification grâce à la collaboration : Trousse de bon voisinage pour les promoteurs de projets immobiliers dans les milieux établis, 35 p. (coll. Passer à l’action) [PDF]
VILLE DE MONTRÉAL (2023). Sommet sur les chantiers de la Ville de Montréal - Compte-rendu. Ville de Montréal. [PDF]
VILLE DE MONTRÉAL (2021). Charte montréalaise des chantiers. Ville de Montréal. [PDF]

 

Contenu créé dans le cadre de

Initiative «Oui dans ma cour!»

Oui dans ma cour! est une initiative de Vivre en Ville qui soutient les citoyens, les promoteurs et les municipalités pour stimuler la collaboration et améliorer la qualité des projets de transformations urbaines prenant place dans des milieux de vie établis. 

Il y a un projet immobilier dans votre quartier? Un projet de transport en commun ou de piste cyclable? Un réaménagement de rues ou d’autres espaces publics? Oui dans ma cour! se veut une occasion de transformer le débat public sur ces questions en un dialogue constructif.

Découvrez les outils et contenus développés autour de ces thématiques dans le dossier «Dialoguer pour des transformations urbaines réussies».

Voir le dossier

Cette initiative bénéficie d’une aide financière du gouvernement du Québec tirée du programme Action-Climat Québec et rejoint les objectifs du Plan pour une économie verte 2030.


Notice bibliographique recommandée :

VIVRE EN VILLE (2023). La gestion des chantiers : facteur essentiel d'adhésion aux transformations urbaines. Carrefour.vivreenville.org

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