Intersections protégées: plus de sécurité et d'efficacité pour tout le monde
Les intersections protégées visent à améliorer la sécurité des déplacements actifs à l’endroit même où les collisions impliquant des personnes à pied ou à vélo sont surreprésentées. Une intersection protégée réduit le risque et la gravité des collisions tout en améliorant le confort, l’accessibilité et l’efficacité pour tous les modes de déplacement.

De la même façon que pour les trottoirs traversants, cette solution est fortement inspirée d’aménagements communs dans certains pays européens (aux Pays-Bas, notamment) mais demeure relativement nouvelle au Canada et aux États-Unis
Objectifs recherchés
Généralement appliqué à des intersections gérées par des feux de circulation, ce traitement vise les objectifs suivants:
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Séparer les modes de déplacement actifs des modes véhiculaires;
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Améliorer la visibilité des différents usagers;
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Réduire des distances de traversée;
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Faciliter les manœuvres de virage à gauche pour les cyclistes;
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Réduire les vitesses véhiculaires, notamment dans les manœuvres de virage;
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Améliorer l’accessibilité universelle;
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Faciliter l'orientation des différents modes lors du franchissement de l'intersection;
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Limiter les conflits entre les entre les personnes qui marchent et celles qui se déplacent à vélo;
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Assurer des délais d'attente aux feux raisonnables pour tous les modes grâce à un cycle adapté et des distances plus courtes à franchir;
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Permettre un entretien adéquat en toute saison.
Éléments de conception
L’atteinte des ces objectifs passe principalement par des aménagements physiques clés:

Source: Vivre en Ville
Recul des passages piétonniers et cyclables par rapport à la voie automobile
- Permet aux automobilistes effectuant un virage de mieux voir les autres usagères et usagers et de leur céder le passage sans entraver la direction principale.

Source: Vivre en Ville
Zones d’attente avancées pour les cyclistes et les piétons
- Permet aux personnes à pied ou à vélo d’attendre plus près de la chaussée et ainsi commencer leur traversée avant les véhicules qui circulent sur la voie parallèle.
- Permet aux personnes qui se déplacent à pied de pouvoir franchir la piste cyclable séparément de la chaussée.

Source: Vivre en Ville
Îlots de protection
- Contraint la manœuvre et limite la vitesse pour les véhicules motorisés effectuant un virage à droite, et positionne les véhicules de manière à augmenter la visibilité des personnes qui traversent à pied ou à vélo.
- Sépare clairement les différents modes.

Source: Vivre en Ville
Marquage au sol et éléments de guidance
- Souligne la présence des différents modes.
- Simplifie l’orientation dans l’intersection, notamment pour les personnes vivant avec une déficience visuelle (plaques podotactiles).
À ces éléments clés peuvent s’ajouter d’autres éléments:

Source: Vivre en Ville
Îlot médian de refuge piétonnier
- Permet une traversée en deux temps des voies de circulation pour les personnes qui marchent.

Source: Vivre en Ville
Bornage de la ligne médiane
- Contraint les véhicules effectuant un virage à gauche à emprunter avec une courbe plus serrée, limitant les vitesses et réduisant la zone de conflit avec les modes actifs.

Source: Vivre en Ville
Tablier franchissable
- Permet d'accommoder les manœuvres de virage à droite des plus gros véhicules tout en incitant les véhicules légers à effectuer un virage plus serré.

Source: Vivre en Ville
Cycle de feux de circulation distinct
- Sépare le passage des modes actifs, en offrant un intervalle protégé pour les manœuvres de virage et en donnant le temps aux différentes personnes de franchir l’intersection.
Les considérations générales concernant les aménagements cyclables et piétonniers (largeur adéquate des infrastructures, gestion du drainage, entretien 4 saisons, etc.) s’appliquent également aux intersections protégées. Selon l’espace disponible ou les exigences géométriques, la conception d’une intersection devra parfois faire l’objet d'adaptations, tout en respectant les objectifs visés par le concept de base.
Limites et inconvénients
Les intersections protégées sont associées à assez peu d’inconvénients. L’aménagement d’espaces dédiés exige naturellement plus d’espace, et impose des coûts supplémentaires. L’aménagement d’espaces distincts exige également un entretien adapté, qui peut nécessiter la révision de certaines pratiques. Pour les personnes qui marchent, la rupture du parcours naturel en ligne droite peut constituer un irritant léger, généralement largement compensé par les gains en matière de confort et de sécurité. Enfin, comme tout nouvel aménagement sur l’espace public, l’implantation d’une intersection protégée peut nécessiter un temps d’adaptation pour les personnes habituées à fréquenter l’intersection, et entraîner à ce titre une réticence initiale chez certaines.
Domaines d’application pertinents
La combinaison des qualités offertes par les intersections protégées en fait une solution pertinente dans de nombreuses situations. Cependant, les exigences en matière d’espace et de conception amèneront généralement les collectivités à privilégier un tel aménagement dans les cas suivants:
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lorsque les voies formant l’intersection sont larges et accueillent une circulation dense ou rapide;
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lorsque des aménagements cyclables sont présents ou prévus sur deux approches ou plus;
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en présence d’aménagements cyclables bidirectionnels sur une ou plusieurs branches de l’intersection.
Exemples d’application
Au Canada, c’est incontestablement la Ville d’Ottawa qui mène le bal en matière d’intersections protégées. Après des projets pilotes en 2015 et 2017, plus de 40 intersections ont été réaménagées de la sorte.
En 2021, la Ville a publié un Guide de conception des intersections protégées qui fait désormais référence en Amérique du Nord. Ces aménagements sont notamment documentés par des blogueurs spécialisés locaux (Hans on the bike et Beyond the automobile) qui présentent des analyses détaillées des aménagements.
D’autres villes canadiennes ont également déployé cette solution d’aménagement sur leur territoire. C’est notamment le cas de Vancouver (Quebec St/1st Avenue, en 2017), London (notamment Dundas St/Colborne St, en 2020), ou plus récemment, Toronto (Bloor St W./ St-George St en 2024 - non visible sur Google Maps).
Au moment de la publication de cet article, il n’existe pas d’exemple de véritable intersection protégée au Québec. Cela dit, en 2024, l’Arrondissement de Verdun à Montréal s’est inspiré de l’intersection protégée dans l’aménagement transitoire de l’intersection des rues Caisse et Evelyn. En implantant des îlots de protection (appelés «pastilles» par l’Arrondissement) en béton, l’intersection est rétrécie et offre des rayons de courbure réduits, au bénéfice des personnes qui se déplacent à pied.
«Pastilles de protection» à l’intersection des rues Caisse et Evelyn. Source: Vivre en Ville
Par ailleurs, les travaux prévus en lien avec la mise en place de pistes cyclables sur l’avenue Christophe-Colomb prévoient la construction d’une intersection protégée à l’intersection avec la rue de Bellechasse.
Plan de marquage de l’intersection de l’avenue Christophe-Colomb avec la rue de Bellechasse. Source: Ville de Montréal.
Pour aller plus loin
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Guide de conception des intersections protégées, Ville d’Ottawa, 2021
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Protected Intersection Guide [PDF], The Ontario Traffic Council, 2023
CHOPIN, Pierre-Yves (2025). Intersections protégées: plus de sécurité et d'efficacité pour tout le monde, Vivre en Ville. Carrefour.vivreenville.org
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Auteur Pierre-Yves Chopin
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Date de publication 7 février 2025Date de mise à jour 24 février 2025
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