Vieillir dans son milieu

Le logement des personnes aînées au Québec 

La population aînée forme un groupe très hétérogène. En effet, comme les capacités physiques, cognitives et socio-économiques varient d’un individu à l’autre, toutes et tous n’ont pas les mêmes besoins en matière d’habitation. Pourtant, un des points communs partagés par la plupart des personnes de cette tranche d’âges est l’envie de vivre le plus longtemps possible dans le milieu où elles se trouvent. Ce souhait n’est pas toujours possible en raison du manque de services ou de logements adaptés à leur situation. En effet, lorsque vient le moment de changer de logement, que cela soit par choix ou par nécessité, l’offre actuelle n’est pas assez variée pour répondre aux différentes réalités vécues par les personnes aînées. Par exemple, bien que la très grande majorité d’entre elles demeurent dans un logement privé, les résidences privées pour aîné·es forment une importante partie de l'offre d’habitation. Ce modèle convient à plusieurs personnes en raison de l'offre de soins et de services, de l'accessibilité physique, des occasions de socialisation ou encore du sentiment de sécurité. Toutefois, certaines personnes n’y sont pas attirées en raison de la non-abordabilité, de l'encadrement pouvant être trop strict ou de la localisation excentrée.

Un milieu de vie où toutes les composantes de la résidence privée pour aîné·es sont réparties sur le territoire profite à plusieurs et permet aux personnes aînées qui le souhaitent de demeurer chez elles. 

La résidence privée pour aîné·es et ses alternatives - Source : Vivre en Ville

Le soutien à domicile c’est aussi une question d’aménagement

Lorsqu’une personne vivant avec des incapacités souhaite demeurer dans son milieu, plusieurs services, mesures et activités peuvent l’aider à y parvenir. En d’autres mots, c’est grâce au soutien à domicile qu’elle pourra y parvenir. Ce dernier se décline en trois catégories: 

• les services offerts chez soi;
• les services offerts à proximité du domicile;
• les mesures sociétales.

Les composantes du soutien à domicile - Source : Vivre en Ville

Les prestataires de services sont localisés à des endroits bien précis dans la collectivité. C’est à partir de ces lieux qu’ils ou elles se déplacent vers les bénéficiaires ou vers ces lieux que les bénéficiaires doivent rejoindre pour obtenir un service. Les caractéristiques du milieu de vie bâti influencent donc les possibilités de recourir au soutien à domicile en agissant directement sur son accès et son efficacité. Une collectivité exerçant des effets positifs sur le soutien à domicile offrira:

• une concentration et une diversité d’activités localisées à des endroits stratégiques afin d’augmenter le nombre de personnes rejointes et de diminuer les distances à parcourir;
• une variété d’options résidentielles dans un milieu de vie complet afin de faciliter l’autonomie des personnes aînées qui pourront continuer à profiter de leur réseau social et des services de proximité.

Diversifier l’offre résidentielle pour les personnes aînées

Bien qu’il y ait autant de parcours résidentiels que de personnes aînées et que les besoins et aspirations de celles-ci soient très variés, il faut reconnaître que, dans le choix d’un logement pour personnes aînées, trois caractéristiques sont toujours recherchées, soit de trouver une habitation: 

• accessible;
• abordable;
• bien localisée.

Pour s’assurer d’offrir des logements qui répondent à ces critères pour chaque personne aînée, une municipalité se doit de mettre à disposition une offre résidentielle complète et diversifiée. Pour ce faire, elle doit avoir sur son territoire des bâtiments de types variés et en nombre suffisant pour couvrir, dans la mesure du possible, tout l'éventail de types bâtis. 

Le continuum de types bâtis résidentiels visant les personnes aînées - Source : Vivre en Ville

Elle doit également assurer la présence d’habitations adaptées aux personnes aînées à différents niveaux en ayant sur son territoire des logements: 

• traditionnels;

• ciblant les personnes aînées (p. ex. unités d’habitation accessoires, maisons intergénérationnelles, coopératives d’habitation, etc.);

• réservés aux personnes aînées (p. ex. résidences privées pour aîné·es, OSBL d’habitation, HLM, etc.).

En plus de ces deux continuums, d’autres variables influencent le choix d’un logement pour les personnes aînées (p. ex. mode de tenure, prix, localisation, etc.). Avoir une offre qui couvre toutes les combinaisons d’options résidentielles permet aux personnes aînées d’avoir de réelles options lors de leur choix de logement. 

L’amplitude des critères qui affectent le choix d’un milieu de vie pour une personne aînée - Source : Vivre en Ville

Densifier pour rapprocher le soutien à domicile et les logements 

Tout en assurant une diversification de l’offre résidentielle, les municipalités ont également le pouvoir d’agir sur la localisation des logements pour personnes aînées et des services. Comme les déplacements des personnes aînées se complexifient avec le temps (Vivre en Ville, 2019), les municipalités peuvent assurer une proximité entre les deux. La densification permet justement ce rapprochement entre soutien à domicile et logement pour personnes aînées en permettant : 

• des économies d'échelle sur la prestation de services offerts chez soi;

• de rapprocher les services offerts à proximité du domicile pour que les personnes aînées puissent y avoir accès;

• de mettre en place des mesures sociétales justifiables par une densité accrue de personnes aînées.

Les avantages des milieux denses sur le soutien à domicile - Source : Vivre en Ville

Créer des milieux de vie favorables aux personnes aînées grâce aux outils municipaux

Bien que les municipalités n’aient pas toutes les mêmes ressources et malgré l’impression que le soutien à domicile est uniquement du ressort du système de santé, les municipalités ont à leur disposition des outils, notamment des outils urbanistiques, pour intervenir dans la création de milieux de vie favorables aux personnes aînées et ainsi faciliter le soutien à domicile. 

Ainsi, pour passer à l’action, les municipalités doivent d'abord avoir dans leur vision globale l’objectif de permettre aux personnes aînées qui vivent sur leur territoire de demeurer dans leur domicile ou leur milieu de vie si c’est ce que celles-ci souhaitent. Des consultations publiques, un énoncé de vision stratégique, la mise en place de politiques traitant à la fois des personnes aînées et d’habitation ou encore une révision du plan d’urbanisme, sont toutes des stratégies qui permettent de considérer les conditions de vie des personnes aînées au quotidien. Elles peuvent ensuite adapter leurs outils réglementaires, de zonage ou discrétionnaires pour, par exemple, augmenter les seuils de densité aux abords des pôles de service, intervenir sur la mixité et la proximité des activités, planifier des ensembles favorables aux personnes aînées, encadrer la qualité des projets, etc. 

Elles peuvent également favoriser le soutien à domicile en mettant sur pied des programmes d’aide ou encore en accompagnant et en facilitant les initiatives qui leur sont proposées. Elles peuvent aussi soutenir les projets d’habitation sans but lucratif en permettant, par exemple, des densités plus importantes pour ces projets ou en traitant plus rapidement les demandes d’OSBL. 

Références

VIVRE EN VILLE (2019). Des milieux de vie pour toute la vie : outils pour guider les municipalités dans l’aménagement d’environnements bâtis favorables à un vieillissement actif, 64 p. (coll. Vers des collectivités viables).

VIVRE EN VILLE (2023). Offrir de meilleures conditions d’habitation pour les personnes aînées : principes et outils d’aménagement pour implanter des continuums d’options résidentielles et de soutien à domicile dans les petites et moyennes municipalités, 36 p. (coll. Passer à l’action).