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Une occasion manquée de réparer Gatineau

Vivre en Ville

Il y a un mois, on apprenait avec une immense déception le choix du gouvernement pour le nouvel hôpital de Gatineau: le site Asticou, peu accessible, pour lequel il n’existe aucun projet de desserte de transport collectif et qui exigera de la Ville d’importantes dépenses en nouvelles infrastructures. Juste avant les élections de 2022, c’est au contraire le site de la rue d’Edmonton qui avait été choisi

Le gouvernement a pourtant adopté, en 2022, une Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire dont le plan de mise en œuvre prévoit d’«accroître la prise en compte de l’aménagement du territoire dans les projets gouvernementaux structurants». De l’avis de nombreuses organisations indépendantes, le choix du site Asticou pour l’hôpital de Gatineau est une occasion manquée de mettre cet engagement en pratique. 

Selon les explications gouvernementales, d’autres sites plus intéressants se sont révélés trop complexes pour permettre une décision rapide. Celui de la rue d’Edmonton, en particulier, est peut-être contaminé. Cela semble une analyse à courte vue. 

Penser à long terme et maximiser les retombées positives 

Un hôpital, ça sert à soigner les gens (et juste pour cette raison, l’accessibilité devrait être un critère primordial). Mais c’est aussi un important investissement public qui devrait être exemplaire sur un maximum de critères. 

En 2024, plusieurs critères sont incontournables: une faible empreinte carbone, une bonne capacité de résilience climatique, un emplacement qui renforce l’équité et qui optimise les infrastructures existantes, pour éviter des coûts collectifs abusifs. Rien de tout ça ne semble avoir été considéré pour l’hôpital de Gatineau. 

Construire un nouvel équipement public majeur est aussi une occasion de réparer les erreurs du passé, d’initier ou de renforcer la revitalisation d’un secteur en perte de vitesse. 

Quand le maire L’Allier a voulu redonner au centre-ville de Québec son éclat, son projet a été consolidé par l’implantation d’un pôle universitaire au cœur d’un quartier délaissé. La construction de l’édifice Jacques-Parizeau de la CDPQ, à Montréal, est un autre exemple de choix d’un site complexe, mais qui a permis de redonner à la communauté, en atténuant la fracture de l’autoroute Ville-Marie. 

Plus récemment, le CHUM a été bâti dans un secteur mal-aimé de l’est du centre-ville de Montréal, sur un site d’à peine quatre hectares où cet hôpital contribue à panser une plaie autoroutière. 

Qui a le plus les moyens de réhabiliter un terrain?

En tombant sur un terrain contaminé lors de la recherche d’un emplacement pour un édifice public, le réflexe a longtemps été de se dire «Zut, allons ailleurs!». Mais cela devrait être le contraire. Décontaminer un site apporte une plus-value à un projet public. La communauté en sort gagnante, puisque cela permet d’optimiser l’utilisation du territoire. 

La réhabilitation de terrains contaminés faisait d’ailleurs partie des critères recommandés par la Banque mondiale pour une relance postpandémique, en vue de renforcer le capital naturel, culturel et social des collectivités. 

À l’heure où le territoire est de plus en plus précieux – qu’il s’agisse de terres agricoles, de milieux naturels, de secteurs propices à la construction d’habitation –, tourner le dos à un terrain complexe à réhabiliter, c’est comme jeter son linge plutôt que de le laver. Du gaspillage territorial. 

Le site de la rue d’Edmonton, proche du centre-ville et à côté du Rapibus, partiellement occupé par une zone industrielle déclinante, offre d’importantes qualités pour un redéveloppement. En lui tournant le dos, le gouvernement l’abandonne à une désaffection annoncée. 

Profiter de l’occasion pour réparer les choses

À Gatineau, le gouvernement a reculé devant la possible contamination d’un site. Dans d’autres cas, ce sont des friches, d’anciennes emprises industrielles ou ferroviaires, des terrains enclavés qui sont écartés de l’analyse. C’est un mauvais réflexe qu’il faut condamner. On ne peut pas, quand on construit un équipement majeur, ne pas profiter de l’occasion pour réparer les choses. 

Dans le cas de l’hôpital de Gatineau, on prévoit pourtant de faire le contraire et d’empirer une structure urbaine déjà désarticulée. On gaspille ainsi un investissement public, tout en se préparant à augmenter les coûts collectifs en infrastructures pour les prochaines décennies et à dégrader la performance du transport collectif. 

Le choix du site Asticou est une mauvaise décision, qui aura de graves impacts dont le gouvernement laisse la facture aux prochaines générations. Il faut revoir cette décision et faire plutôt le choix de réparer Gatineau. 

Notice bibliographique recommandée :

SAVARD, Christian (2024). Une occasion manquée de réparer Gatineau. Vivre en Ville. Vivreenville.org.

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