S’attaquer résolument à la réduction de la demande énergétique

Déposé dans le cadre de la consultation sur l’encadrement et le développement des énergies propres, le présent mémoire dresse nos principales recommandations concernant l’encadrement et le développement des énergies propres, et plus généralement l’avenir énergétique du Québec,  avec l’intention d’exposer les initiatives structurantes nécessaires à la réalisation d’une transition énergétique juste et à la hauteur de nos objectifs climatiques.

Une trajectoire de transition qui doit prioriser la réduction de la demande énergétique

La transition énergétique ne se fera évidemment pas uniquement à travers une croissance de nos approvisionnements en énergies propres. Elle demandera une politique industrielle digne des nouvelles considérations et urgences environnementales, l’identification des meilleurs usages pour chaque source d’énergie, mais surtout, et avant tout, la planification rigoureuse d’une trajectoire de transition misant en premier lieu sur la réduction de la demande énergétique. Cela, sans oublier les problématiques centrales de justice sociale et d’adaptation aux effets de la crise climatique en cours.                                                

Un mix énergétique à fort potentiel

Avec près de 50% de notre mix énergétique constitué d’énergies renouvelables et la totalité de notre approvisionnement local constitué de sources non fossiles (Whitmore et Pineau, 2022), le Québec bénéficie d’une position enviable quant à la nécessaire transition énergétique que nous devons entamer. Avec près de la moitié de la consommation énergétique québécoise déjà décarbonée, ainsi qu’un approvisionnement en énergies fossiles dépendant en totalité de nos importations, la décarbonation de notre système énergétique pourra se traduire par une bonification de notre balance commerciale si elle est menée de bonne manière. La transformation de nos modes de vie, l’électrification intelligente de nos activités et la transition hors des énergies fossiles répondent ainsi non seulement à une logique de transformation écologique, mais également économique.                   

Des décisions déterminantes, passées et à venir

Il est important de rappeler que la situation enviable du Québec n’est pas uniquement due à un cadre géographique particulier, mais surtout à une vision stratégique et à un courage politique qui ont été déterminants dans la réalisation de son potentiel hydroélectrique. La nationalisation d’une grande partie de notre mix énergétique à travers la création d’Hydro-Québec aura permis de répondre aux nombreux défis que pose un monopole naturel en assurant à nos industries la disponibilité d’une électricité abondante, tout en la rendant accessible au plus grand nombre.      

Une approche intégrée et multisectorielle

Dans une société moderne, le système énergétique irrigue l’ensemble des secteurs d’activité. L’encadrement et le développement des énergies propres – et plus largement la transition énergétique – ne peuvent se passer d’une approche multisectorielle et intégrée. Pour être efficace, notre stratégie doit identifier et coordonner les diverses solutions spécifiques à chaque secteur d’activités : transports, industries, bâtiment, agriculture, etc.                

L’aménagement du territoire, clé de la transition énergétique

Si le secteur de l’industrie est au Québec le plus gros consommateur d’énergie, le transport et le bâtiment (résidentielle, commercial et institutionnel) le suivent de près. La transition énergétique passe par des actions structurantes dans ces deux secteurs. Or, l’aménagement du territoire a une influence considérable sur le profil énergétique dans les secteurs du transport et du bâtiment. Les distances parcourues, les modes de transport disponibles, la taille, le format et la conception des bâtiments : tous ces déterminants de la consommation d’énergie sont le résultat des politiques et des pratiques d’aménagement et d’urbanisme.