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Quand notre cadre urbain amplifie les inégalités

La Presse

Mieux vaut être riche et en santé que pauvre et malade, disait Yvon Deschamps. La blague peut se transposer aux villes du XXIe siècle.

Les populations défavorisées, incluant une forte proportion de personnes immigrantes, vivent dans des milieux où elles sont plus exposées à la pollution atmosphérique, au bruit, à la circulation automobile. Des milieux où l’accès au transport collectif et aux services de proximité est déficient ou inexistant, où l’offre alimentaire est inadéquate, les espaces verts rares et la canopée urbaine, pratiquement inexistante. Pendant ce temps, les milieux où vivent les populations plus aisées offrent tout le contraire.

Ainsi, le milieu dans lequel nous vivons amplifie les inégalités – alors qu’il aurait le potentiel de les atténuer. 

Des pénalités qui concernent tous les aspects de la qualité de vie 

C’est ce que montre le rapport que nous avons récemment publié sur les iniquités territoriales dans le Grand Montréal. On y apprend, par exemple, que les secteurs défavorisés ont trois fois plus d’îlots de chaleur et cinq fois moins d’îlots de fraîcheur que les autres secteurs. 

Nous avons aussi constaté que presque le quart des écoles non défavorisées bénéficient d’un environnement sans artères majeures de circulation automobile à traverser – alors que c’est seulement 6% des écoles en milieu défavorisé. Les enfants sont ainsi davantage exposés au danger de collision et au bruit dans un quartier défavorisé. 

Dès qu’on s’éloigne un peu du centre-ville, les secteurs défavorisés sont aussi moins bien équipés en transport en commun – même les plus denses d’entre eux. Ils cumulent un faible accès aux commerces de proximité, aux services de santé, aux parcs, à la culture. 

Au fil du temps, nous avons fabriqué ou laissé se former de véritables iniquités territoriales. Trop souvent, c’est dans les quartiers habités par des personnes les plus vulnérables qu’on trouve le cadre bâti le moins protecteur. Autrement dit, les personnes les plus vulnérables sont aussi celles dont les conditions de vie sont les moins favorables à la santé, à la qualité de vie, à l’épanouissement. 

Face aux changements climatiques, moins de responsabilités, mais plus de conséquences 

Alors que se déroule la 29e conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, nous n’avons jamais émis autant de gaz à effet de serre. Leur accumulation dans l’atmosphère a des effets bien concrets sur nos milieux de vie, et donc sur nos vies. Mais pas sur tout le monde de la même manière. 

En période de canicule, si vous avez des arbres plein la cour, une résidence climatisée et une piscine au coin de la rue, vous pouvez fuir la chaleur. Mais si vous suffoquez dans un appartement mal ventilé au beau milieu d’un îlot de chaleur, sans possibilité de vous en évader, votre santé et parfois votre vie sont en jeu. Rappelons qu’en juin 2018, plus de 60 personnes sont mortes à Montréal lors d’une canicule de trois jours. 

Est-il nécessaire de le rappeler? Plus on est riche, plus on consomme, plus on émet de gaz à effet de serre. Mais plus on est riche, plus on peut choisir un milieu de vie protégé des conséquences des changements climatiques. On peut aussi décider de s’installer dans un quartier paisible, près du transport en commun ou au cœur de l’effervescence culturelle. 

Ces choix-là ne sont pas à la portée de tout le monde. Et c’est parce que les personnes plus vulnérables font face à des possibilités limitées qu’il est de notre responsabilité – urbanistes, personnes élues, organisations de soutien – de faire en sorte que l’endroit où elles vivent constitue un bouclier protecteur, et pas un amplificateur de menaces. 

Notre milieu de vie ne devrait pas nous rendre malade, accroître notre isolement ou amplifier les inégalités sociales. C’est pourtant ce que nous constatons trop souvent. Il est temps de bâtir avec les communautés défavorisées des milieux qui répondent à leurs aspirations.

Des milieux de vie justes ne suffiront pas à créer une société juste, mais il s’agit trop souvent d’un angle mort qu’on néglige. Il faut s’y attaquer, maintenant.

Notice bibliographique recommandée :

Karel MAYRAND et ROBIN, Jeanne (2024). Quand notre cadre urbain amplifie les inégalités, Vivre en Ville. Carrefour.vivreenville.org.

  • Auteurs Jeanne Robin , Karel Mayrand
  • Date de publication 13 novembre 2024
  • Thème associé

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