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Générateurs de problèmes

Malgré des avancées sur le plan de la densification autour des principaux axes de transport en commun, la planification en matière de localisation des activités demeure un enjeu clé pour atteindre nos objectifs de mobilité durable. Pour réduire notre dépendance à l’automobile, il est urgent de revoir la localisation des grands générateurs de déplacements.

Vivre en Ville

Politique de mobilité durable, plans d’urbanisme et de mobilité, orientations gouvernementales en aménagement du territoire, Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire, plans métropolitains d’aménagement et de développement... Tous, absolument tous les documents de planification élaborés depuis 10 ans reconnaissent l’importance de planifier de façon intégrée l’urbanisme et les transports. 

Dans cette optique, il y a un aspect sur lequel nous avons fait d’importants progrès: la localisation des habitations. Il est de plus en plus acquis qu’il faut plus de densité aux abords du transport en commun, près des centres-villes et des noyaux villageois, bref, dans les secteurs les plus propices à la mobilité durable. À peu près partout au Québec, on tente d’accueillir plus de monde là où les déplacements peuvent être plus courts, et où il y a davantage de choix de modes de transport. 

En somme, pour ce qui est du point de départ des déplacements, on a fait de gros progrès. En revanche, force est de constater que nous sommes très en retard en ce qui concerne le travail à faire sur leur point d’arrivée: ce qu’on appelle, dans le jargon de l’urbanisme et de la mobilité, les «générateurs de déplacements». 

Tous nos déplacements ont un but: aller travailler, aller magasiner, se soigner, étudier, etc. Selon l’endroit où nous nous rendons pour réaliser ces activités, nous allons devoir prendre une voiture, ou pouvoir nous déplacer autrement. Nous allons parcourir quelques centaines de mètres, ou de nombreux kilomètres. Le principal déterminant de l’empreinte environnementale et du coût de chacun de nos déplacements, avant même les préférences et les contraintes personnelles, c’est le lieu que nous voulons atteindre. 

Si nous voulons vraiment réduire les distances parcourues et augmenter la part modale du transport en commun, de la marche et du vélo – pour tous les avantages que cela apporte –, alors il faut travailler sérieusement sur la localisation des générateurs de déplacement. Et c’est à travers la planification territoriale qu’on peut le faire. 

Nos documents de planification (PMAD, PUM, etc.) doivent devenir beaucoup plus précis, incisifs et exigeants sur la localisation des activités autres que résidentielles. Sinon, jamais nous n’atteindrons nos cibles de mobilité durable, jamais nous ne nous libérerons, tant soit peu, de notre dépendance à la voiture. 

C’est une grande déception de constater les insuffisances des documents de planification de nos grandes villes sur cette question. Il est capital de combler ces lacunes avant l’adoption des futurs PUM de Montréal et de Québec, sinon, nous ne faisons que vendre du rêve. 

Les générateurs de déplacements qui ont le plus d’impact, parce qu’ils attirent beaucoup de monde, donc beaucoup de déplacements, ce sont les institutions et les grands employeurs du tertiaire. Quand on voit que le projet de PUM de Montréal n’a pas l’intention d’interdire l’installation de nouveaux bureaux sur le bord de l’autoroute 40, quand on constate que le gouvernement du Québec planifie, à nouveau, la construction d’un hôpital régional dans le champ à Gatineau, on doit se rendre à l’évidence qu’on n’a guère progressé sur le chemin de la localisation écoresponsable. 

Pensons aussi aux SAQ et autres bâtiments publics qui s'installent dans des secteurs peu accessibles autrement qu’en automobile, souvent en contradiction avec la volonté des administrations locales de consolider certains secteurs stratégiques. La localisation exemplaire des bâtiments publics était déjà dans la liste d’actions de la Politique gouvernementale de prévention en santé adoptée en 2016, puis dans celle de la Politique de mobilité durable de 2018, et figure à nouveau parmi les mesures stratégiques de la récente Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire. Il faut que cette fois-ci soit la bonne, pour que des critères clairs guident les décisions de la Société québécoise des infrastructures ainsi que de l’ensemble des ministères et organismes. 

Il est encore temps, dans les documents de planification en cours d’élaboration, de faire des pas de géant pour donner à nos villes et à nos villages une structure plus efficace et plus propice à la mobilité durable et à la sobriété territoriale. Dans ce domaine, tout le retard qu’on prend constitue des problèmes qui seront à régler plus tard. Des frais de stationnement pour les infirmières et la famille des malades. Des iniquités dans l’accès à l’emploi et aux services. Des demandes répétées d’améliorer la desserte de tel ou tel pôle excentré pour faciliter le recrutement. De la congestion sur des artères qui n’ont pas été conçues pour accueillir toutes ces voitures.

Arrêtons de construire les problèmes du futur. Faisons dès aujourd’hui des choix de localisation éclairés. Utilisons pleinement nos outils de planification pour décider où implanter les bureaux, les commerces du quotidien, les lieux de services et de loisirs, de façon à les rendre plus accessibles et à réduire nos coûts de transport, collectifs et individuels. 

Notice bibliographique recommandée :

SAVARD, Christian (2024). Générateurs de problèmes. Vivre en Ville. Carrefour.Vivreenville.org

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