Pour augmenter la capacité de drainage du fleuve Meuse (Maas) en cas de crue et protéger les milieux bâtis riverains, le polder d’Overdiepse a été rouvert pour devenir une zone d’expansion des crues, tout en permettant la continuité des activités agricoles.
Détails sur le projet
Statut
Complété en 2015
Porteur du projet
Rijkswaterstaat (ministère des Travaux publics et de la Gestion de l’eau) et Belangenvereniging Overdiepse Polder
Type de retrait planifié
Partiel
Type de bâtiment adapté
Construction d’un bâtiment neuf
Type d’aménagement de berges
Infrastructure griseZones tampons ou d’expansion des crues
Milieu d’intervention
Agricole
Contexte lié aux inondations
Situés dans le delta de trois grands fleuves européens (le Rhin, la Meuse et l’Escaut), les Pays-Bas sont très exposés aux inondations. Après les inondations fluviales de 1993 et 1995, qui ont nécessité l’évacuation de 250000 personnes, le gouvernement des Pays-Bas a ajusté son approche de gestion des risques liés aux inondations pour passer d’une stratégie de résistance par l’endiguement à une stratégie intégrant la notion de coexistence avec les inondations, en laissant plus d’espace aux cours d’eau. C’est dans ce contexte qu’il a lancé en 2006 le programme Room for the River, visant la création d’espaces d’inondabilité à des endroits stratégiques afin de réduire l’exposition des milieux bâtis à l’aléa.
Le polder d’Overdiepse, localisé dans la province du Brabant-du-Nord (Noord-Brabant), à la confluence des cours d’eau Meuse de Bergen et Petite Vieille Meuse (Oude Maasje), a été sélectionné pour faire partie de ce programme. Avant les années 1970, le polder servait pour le pâturage du bétail et le fauchage du foin par des producteurs laitiers vivant hors du polder. À partir de 1975, plusieurs ménages sont venus vivre dans le polder, en raison de l’amélioration du drainage dans le secteur. Cet espace de 550 hectares était alors protégé des inondations par une digue. En 2003, on y comptait 94 personnes ainsi que dix-sept entreprises laitières et fermes agricoles et une porcherie.
Description du projet
Un scénario proposé par la population locale
De nombreuses oppositions ont été émises lors de l’annonce du projet, en particulier par les agriculteurs ayant pris connaissance du projet par la presse. Ils craignaient que le projet conduise à l’abandon des activités agricoles et à leur expropriation. Initialement, le gouvernement des Pays-Bas prévoyait de transformer intégralement le polder en une zone de rétention des crues. À la place, les 17 agriculteurs du polder, regroupés au sein de le Groupe d’intérêt du polder d’Overdiepse (Belangenvereniging Overdiepse Polder) se sont mobilisés pour proposer trois alternatives au projet gouvernemental :
Le premier scénario proposait de maintenir les activités agricoles en place et de consacrer seulement une petite partie de l’espace à l’expansion des crues;
Le deuxième scénario prévoyait la démolition et la relocalisation des fermes du polder au sud de ce dernier sur des monticules de terre (terpen), ainsi que l’abaissement de la digue de trois mètres au nord du polder pour permettre l’inondation occasionnelle du secteur lors des crues;
Enfin, le troisième scénario proposait de renaturaliser entièrement le secteur, ce qui impliquait la démolition de toutes les fermes.
C’est finalement le deuxième scénario qui a suscité le plus d’adhésion des agriculteurs. Sa mise en œuvre a été réalisée à partir du Terps Plan élaboré par le Groupe d’intérêt du polder d’Overdiepse en collaboration avec le gouvernement au début des années 2000. Après plusieurs années de négociation, le plan a été définitivement approuvé par toutes les parties prenantes en 2009. Dans ce cadre, la digue au nord du polder a été abaissée de trois mètres pour permettre les débordements fluviaux. Huit des dix-sept fermes présentes dans le secteur ont été relocalisées au sud du polder, surélevées sur des monticules de six mètres de haut. En cas de crue, ces monticules forment des îles. Les fermes restantes ont été soit relocalisées en dehors du polder, soit rachetées. Une nouvelle digue a également été construite au sud pour protéger l’arrière-pays.
L’approche gagnant-gagnant comme facteur d’acceptabilité sociale
Le processus de planification, qui s’est déroulé sur dix ans, suivi par une phase de construction de cinq ans, a permis d’aboutir à un compromis bénéfique tant pour les agriculteurs que pour le gouvernement. Bien que la relocalisation ait initialement généré de l’anxiété parmi les ménages habitant le polder en raison des incertitudes concernant leur avenir, une approche collaborative a permis d’atténuer ces tensions. Les agriculteurs ont reçu une indemnisation à la valeur marchande de leurs anciennes fermes, qu’ils ont utilisée pour construire eux-mêmes de nouvelles exploitations modernes, conformes à des règles de conception et d’uniformité (hauteur, implantation, etc.).
Aucune expropriation n’a été nécessaire, toutes les transactions ayant été réalisées à l’amiable. Le gouvernement a racheté les terres avant de les reconfigurer et de les revendre aux agriculteurs, ce qui a assuré une transition fluide. Certaines terres restent encore détenues par l’État, mais les fermiers peuvent les utiliser temporairement en attendant de pouvoir les acquérir définitivement.
En contrepartie, les agriculteurs ont accepté d’adapter leurs activités à un risque de crue occasionnelle. Un accord prévoyant une indemnisation des pertes de cultures, dans les cas où le retrait des eaux peut prendre jusqu’à six semaines, a renforcé la confiance des parties prenantes. Ce processus a permis non seulement de répondre aux impératifs de gestion des crues, mais aussi d’offrir aux agriculteurs une opportunité de moderniser leurs exploitations dans des conditions équitables et durables.
Retombées
Le polder devrait être inondé une fois tous les 25 ans. La capacité de stockage d’eau du site est de neuf millions de mètres cubes. Cela a permis de réduire les risques liés aux inondations de la ville située à 20 kilomètres à l’est, Bois-le-Duc (Den Bosch).
Autres informations
Partenaires du projet
Province du Brabant-du-Nord (Noord-Brabant)
Municipalité de Geertruidenberg
Municipalité de Waalwijk
Waterschap Brabantse Delta (autorité de l’eau)
Habiforum
Zuidelijke Land-en Tuinbouworganisatie (ZLTO)
Coûts et financement
Le coût de la mise en œuvre du Terps Plan a été estimé entre 100 et 125 millions d’euros (eq. 142 et 177 millions de dollars canadiens en 2015), dont 90 millions (eq. 128 millions de dollars canadiens en 2015) ont été dédiés à la construction des nouvelles fermes surélevées. Les coûts du projet ont été couverts par le programme Room for the River.
Le développement de l’interface de ce volet du répertoire et la recherche des cas inspirants de milieux de vie résilient face aux inondations ont été réalisés grâce à l'aide financière du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation.
Références
CORMONT, Henri. (2015). Overdiepse Polder, Cooperatie waterzaken u.a. 2015 1ste druk ua 2015 1ère édition. 118 p.
HOFSTRA, Simon (2024). “Overdiepse Polder River widening”. Communication présentée au nom du Waterschap Brabantse Delta lors de la mission d’étude Milieux de vie résilients face aux inondations, Raamsdonk, Vivre en Ville, 20 septembre 2024.
ROTH, Dik et Madelinde WINNUBST. (2009). Reconstructing the polder: Negotiating property rights and ‘blue’ functions for land. International Journal of Agricultural Resources Governance and Ecology, vol. 8, no1, pp. 37-56. [DOI:10.1504/IJARGE.2009.023075]
ROTH, Dik et Madelinde WINNUBST. (2014). Moving out or living on a mound ? Jointly planning a Dutch flood adaptation project. Land Use Policy. Vol. 41, November 2014, pp. 233-245. [DOI:10.1016/j.landusepol.2014.06.001]
TEICHER, Hannah. (2014). Does room for the river travel ? Unpacking the case of the Overdiepse dePolder. 11.308. Ecological Urbanism. https://web.mit.edu/nature/projects_14/pdfs/2014-RoomfortheRiver-Teicher.pdf
Situés dans le delta de trois grands fleuves européens (le Rhin, la Meuse et l’Escaut), les Pays-Bas sont très exposés aux inondations. Après les inondations fluviales de 1993 et 1995, qui ont nécessité l’évacuation de 250 000 personnes, le gouvernement des Pays-Bas a ajusté son approche de gestion des risques liés aux inondations pour passer d’une stratégie de résistance par l’endiguement à une stratégie intégrant la notion de coexistence avec les inondations, en laissant plus d’espace aux cours d’eau. C’est dans ce contexte qu’il a lancé en 2006 le programme Room for the River, visant la création d’espaces d’inondabilité à des endroits stratégiques afin de réduire l’exposition des milieux bâtis à l’aléa.
Le polder d’Overdiepse, localisé dans la province du Brabant-du-Nord (Noord-Brabant), à la confluence des cours d’eau Meuse de Bergen et Petite Vieille Meuse (Oude Maasje), a été sélectionné pour faire partie de ce programme. Avant les années 1970, le polder servait pour le pâturage du bétail et le fauchage du foin par des producteurs laitiers vivant hors du polder. À partir de 1975, plusieurs ménages sont venus vivre dans le polder, en raison de l’amélioration du drainage dans le secteur. Cet espace de 550 hectares était alors protégé des inondations par une digue. En 2003, on y comptait 94 personnes ainsi que dix-sept entreprises laitières et fermes agricoles et une porcherie.