Dans le cadre du plan Sigma, destiné à renforcer la protection de la région de la Flandre contre les inondations et mis à jour en 2005, une zone d’inondation contrôlée a été créée sur le site des polders de Kruibeke pour permettre l’expansion des eaux de l’Escaut (Schelde) en période de crue. En plus de protéger les municipalités riveraines, les polders de Kruibeke constituent aujourd’hui une zone naturelle et récréative.
Détails sur le projet
Statut
Complété en 2015
Porteur du projet
De Vlaamse Waterweg et Agentschap voor Natuur en Bos
Type de retrait planifié
Partiel
Type d’espace commun résilient
Parc ou place publiqueRue
Type d’aménagement de berges
Restauration écologique des plaines inondablesInfrastructure griseZones tampons ou d’expansion des cruesAménagement récréotouristique
Milieu d’intervention
Agricole
Naturel
Contexte lié aux inondations
En raison de son réseau hydrographique et de sa topographie, la Flandre est particulièrement exposée aux inondations par débordement fluvial et par submersion. Après la tempête dévastatrice de 1976, les autorités régionales ont adopté le plan Sigma pour protéger la région flamande des inondations de l’Escaut et de ses affluents, des cours d’eau très sensibles aux variations de la marée de la mer du Nord. Dans ce contexte, le plan prévoyait notamment la création de seize zones d’inondation contrôlées destinées à capter l’excès des eaux de l’Escaut en période de crue pour réduire les risques liés aux inondations.
Lorsque les polders de Kruibeke ont été identifiés comme un site stratégique pour la création d’une zone d’inondation contrôlée en 1977, une forte opposition locale a éclaté, émanant notamment du maire de Kruibeke qui refusait l’amputation de la partie riveraine de la ville, principalement utilisée à des fins agricoles. Cela a conduit au blocage du projet jusqu’en 2002, date à laquelle il est revenu à l’agenda politique dans le contexte de l'expansion du port d’Anvers qui nécessitait un site de compensation des pertes écologiques.
Description du projet
Les polders de Kruibeke, couvrant plus de 600 hectares, sont en réalité composés de trois polders contigus: Kruibeke, Rupelmonde et Bazel. Ils constituent la plus grande zone d’inondation contrôlée de Belgique. Développés au fil des siècles, les polders sont des terres conquises sur un cours d’eau, servant principalement pour l’agriculture. La dépoldérisation a consisté à :
abaisser la digue existante sur une distance de huit kilomètres pour la transformer en digue à débordement;
construire une digue circulaire autour du secteur bâti;
Intégrer des écluses à la digue à débordement.
Lors d’une crue, l’eau s’écoule au-dessus de la digue à débordement, mais reste confinée par la digue circulaire. Après la crue, les écluses permettent à l’eau de refluer vers la rivière. Le projet a permis de redonner de l’espace d’inondabilité à la rivière, protégeant des milieux bâtis en amont.
Un espace pour la biodiversité recréé
Outre leur fonction de protection contre les inondations, les polders de Kruibeke sont riches en biodiversité du fait de la variété de leurs écosystèmes. Ils abritent 300 hectares de vasières et de marais, 150 hectares de boisés et de ruisseaux restaurés et 150 hectares de prairies humides. Le site a également été aménagé pour accueillir des activités récréatives, avec des sentiers pédestres, des pistes cyclables, des emplacements de pêche, des points de vue, des panneaux d’interprétation et des œuvres artistiques. Les polders de Kruibeke ont été reconnus comme réserve naturelle en 2021.
Une place centrale accordée aux négociations
Dès les premières communications sur le projet en 1977, les agriculteurs locaux se sont mobilisés contre la réalisation du projet qui impliquait l’arrêt des activités agricoles et de nombreuses expropriations. Une longue période de négociation s’en est suivie, incluant de nombreux entretiens individuels avec la population habitant le territoire. Un bureau temporaire, ouvert au public en tout temps, a été installé sur le site. Les expropriations ont eu lieu, mais certains agriculteurs, dont l’activité contribue à l’entretien des prairies, ont pu continuer à exercer leur métier sous certaines conditions, notamment le respect des exigences en matière de biodiversité (comme l’interdiction d’utiliser des engrais). Au départ du projet, les polders comprenaient 70 exploitations agricoles. Elles ne sont plus qu’une vingtaine aujourd’hui. En outre, une agence de communication a été chargée de coordonner des campagnes d’information et de sensibilisation sur les bénéfices du projet. Cela s’est concrétisé par l’organisation de rencontres, des publications, la création d’un point d’information, des activités pédagogiques et une journée portes ouvertes en 2010.
Des aménagements artistiques renforçant l’attractivité du site
De Vlaamse Waterweg et le Conseil des affaires culturelles de Kruibeke ont offert l’opportunité aux artistes locaux d’animer l’écluse avec des graffitis colorés. En 2019, un sculpture en acier sous forme d’une rangée d’arches représentant les anciens liens entre le village et les polders a été installée au sein des polders de Kruibeke. Cette œuvre, appelée Arcade, constitue aujourd’hui un élément reconnaissable dans le paysage ajoutant une valeur identitaire au lieu.
Retombées
La zone d’inondation contrôlée des polders de Kruibeke a prouvé son efficacité lors de la tempête de 2018, offrant un espace de rétention pour les eaux en crue, minimisant l’impact des inondations dans les municipalités riveraines.
Autres informations
Partenaires du projet
Kruibeeks Natuurbehoud (KRUIN)
Municipalité de Kruibeke
Coûts et financement
Les coûts d’aménagement du site sont estimés à 100 millions d’euros (eq. 142 millions de dollars canadiens en 2015). Environ 80% de ce budget ont été alloués aux études et aux travaux, tandis que les 20% restants ont été versés sous forme d’indemnités aux propriétaires fonciers expropriés. L’aménagement des espaces naturels a en partie été financé par le programme LIFE+ Scalluvia mis en œuvre par l’Union européenne dans le cadre du réseau Natura 2000, qui rassemble des sites naturels à forte valeur écologique.
BRUZZONE, Silvia (2015). «La dépoldérisation. De l’ingénierie de l’État à la mobilité territoriale. Le cas d’Anvers (Belgique)», Christel Cournil éd., Mobilité humaine et environnement. Du global au local. Éditions Quæ, pp. 195-206.
En raison de son réseau hydrographique et de sa topographie, la Flandre est particulièrement exposée aux inondations par débordement fluvial et par submersion. Après la tempête dévastatrice de 1976, les autorités régionales ont adopté le plan Sigma pour protéger la région flamande des inondations de l’Escaut et de ses affluents, des cours d’eau très sensibles aux variations de la marée de la mer du Nord. Dans ce contexte, le plan prévoyait notamment la création de seize zones d’inondation contrôlées destinées à capter l’excès des eaux de l’Escaut en période de crue pour réduire les risques liés aux inondations.
Lorsque les polders de Kruibeke ont été identifiés comme un site stratégique pour la création d’une zone d’inondation contrôlée en 1977, une forte opposition locale a éclaté, émanant notamment du maire de Kruibeke qui refusait l’amputation de la partie riveraine de la ville, principalement utilisée à des fins agricoles. Cela a conduit au blocage du projet jusqu’en 2002, date à laquelle il est revenu à l’agenda politique dans le contexte de l'expansion du port d’Anvers qui nécessitait un site de compensation des pertes écologiques.