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Résilience face aux inondations
Domaines d’intérêt
Résilience face aux inondations
Type de projet
Type d’inondation

Secteur de la Bouillie, Blois

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Remise en fonction et réaménagement d’une zone d’expansion des crues en parc multifonctionnel

Relocalisation de quartier planifiée Espace commun résilient Aménagement de berges Inondation en eau libre

Conçu pour accueillir les eaux de la Loire en crue et protéger la ville de Blois, le déversoir de la Bouillie a été peu à peu urbanisé, entravant le drainage de l’eau et exposant la population qui y réside aux inondations. Pour redonner au déversoir sa fonction principale, un projet de démolition du quartier pour le remplacer par un parc naturel urbain a été entrepris.

Détails sur le projet

  • Statut

    En cours de réalisation
  • Porteur du projet

    Agglopolys (Communauté d'agglomération de Blois)
  • Type de retrait planifié

    Complet
  • Type d’espace commun résilient

    Parc ou place publique
  • Type d’aménagement de berges

    Zones tampons ou d’expansion des crues Aménagement récréotouristique
  • Milieu d’intervention

    Suburbain
    Agricole
  • Contexte lié aux inondations

    Aménagé au 18e siècle, le déversoir de la Bouillie permet de dévier une partie du débit de la Loire vers le val en amont de la ville, prévenant ainsi les inondations des quartiers riverains de la ville de Blois. Sa mise en place fait suite à la construction des levées et à l’édification du pont Jacques-Gabriel, reliant les deux rives de la Loire. Ces aménagements ont conduit à réduire à une largeur de 300 mètres le lit du fleuve, gênant l'écoulement de l’eau en cas de forts débits et augmentant la vulnérabilité de la ville face aux inondations. En l’absence de déversoir, les habitations blésoises pourraient être noyées sous plus de quatre mètres d’eau. Trois crues centennales au cours du 19e siècle ont franchi le déversoir de la Bouillie, entraînant des hauteurs d’eau de plus de trois mètres dans certains bâtiments. La plus récente remonte à 1907. Si le site est resté inconstructible jusqu’au début du 20e siècle, plusieurs bâtiments y ont été édifiés après 1945 en raison des besoins fonciers et de la facilité d’obtention des permis de construire, conduisant à la création du quartier du Glacis, situé en aval du déversoir de la Bouillie. En raison de cette urbanisation, le déversoir aurait perdu 80 % de sa capacité d’écoulement hydraulique. Le Plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) de la Loire de 1999 classe certaines zones en secteur d'aléa fort, voire très fort, les rendant inconstructibles, tandis que plus de 150 habitations, non protégées par les levées, y étaient implantées. 

  • Description du projet

    Retrait d’un quartier au moyen de l’outil de la zone d’aménagement différé (ZAD)

    Occupant une superficie de 52 hectares, le déversoir est situé à l'intersection des communes de Blois, de Vineuil et de Saint-Gervais-la-Forêt dans la région Centre-Val de Loire. Conçu pour recueillir le trop plein de la Loire en cas de crue de récurrence 70 ans, il a peu à peu été anthropisé sous l’effet de la construction bâtiments résidentiels et commerciaux, l’édification d’un terrain de sport et l'aménagement d’une aire de « gens du voyage » (communautés nomades) sédentarisés. En 1999, le Plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) de la Loire encourage les collectivités riveraines à prendre des mesures pour réduire la vulnérabilité du site face aux inondations. En 2003, Agglopolys, la Communauté d’agglomération de Blois d’une population de 106 000 personnes, entreprend une vaste campagne de maîtrise foncière et de démolition du secteur de la Bouillie, y compris le quartier du Glacis, afin de restaurer la fonction première du déversoir de zone d’expansion des crues. Pour ce faire, la collectivité a mis en place une zone d’aménagement différé (ZAD) d’une durée de quatorze ans lui permettant d’exercer son droit de préemption et ainsi d’acquérir en priorité les bâtiments en cas de transaction immobilière. Cette démarche lui a permis d’acquérir à l’amiable quelque 140 résidences et des locaux commerciaux. En 2021, 132 bâtiments avaient été acquis sur 143, et 128 d’entre eux avaient été démolis. Au total, l’opération a concerné environ 400 personnes, majoritairement âgées et au profil socio-économique modeste ou défavorisé. 

    Projet de transformation du site en parc polyvalent

    Parallèlement, une réflexion sur le devenir du site a été engagée et plusieurs projets de réaménagement ont été planifiés. En 2021, Agglopolys a lancé une consultation en ligne permettant de recueillir les idées de la population résidente quant aux aménagements futurs du site. Près de 1 400 réponses ont été enregistrées. La consultation a été complétée par des ateliers participatifs. Par la suite, une étude prospective d’aménagement a été réalisée sur un périmètre de près de 350 hectares, incluant le déversoir et les zones environnantes situées dans la plaine inondable. Celle-ci propose la requalification du secteur, situé en entrée de ville, en un grand parc accueillant des espaces naturels, agricoles et récréatifs. L’idée est d’offrir un réaménagement du site compatible avec la gestion de l’aléa et donc l’évacuation des crues de la Loire. Au terme du processus participatif et des discussions avec les personnes élues, plusieurs principes ont été retenus pour orienter cette transformation : les aménagements proposés seront sobres, afin de limiter l’artificialisation des sols et préserver les espaces naturels, et seront également progressifs, pour permettre l’ajustement de la programmation selon l’appropriation du site par la population. 

    L’année 2022 a été consacrée à la production d’études techniques et environnementales, à la poursuite des acquisitions foncières et à l’accompagnement au relogement des familles de « gens du voyage » (communautés nomades). En 2023, un périmètre d’aménagement prioritaire, correspondant au secteur où la maîtrise foncière est achevée, était déjà en travaux et devrait voir sortir de terre le premier tronçon d’une voie verte partagée par les cyclistes et le public piéton d’ici la fin de l’année 2024. Les autres aménagements programmés comprennent la construction de sentiers dédiés aux mobilités actives, la mise en valeur et la préservation des espaces naturels du site (boisés, prairies, zones humides, etc.), la tenue d’activités de maraîchage (verger public, jardins partagés, etc.) et la création d’espaces récréatifs (aire de jeux, espaces de repos, prairies à usages multiples, etc.). Cette opération, dont l'achèvement est prévu à l’horizon 2026, passe par un important traitement paysager de l’espace pour mettre en valeur le site et retrouver un « chemin de l’eau ». 

    Défis liés aux opérations d’acquisition et au relogement des populations impactées par la ZAD

    Le projet s’est heurté à plusieurs défis d’ordre social et économique dont le premier est la délocalisation et le relogement de la population. Dans les premières années, les opérations d’acquisition des bâtiments se sont effectuées facilement, les premiers biens immobiliers acquis par la collectivité étant ceux de plutôt forte valeur. Dans ce cas de figure, le montant tiré de la vente de leur bien immobilier a permis aux propriétaires de se reloger dans de bonnes conditions. 

    Les procédures d’acquisition ont ralenti à partir de 2007 quand elles ont commencé à concerner les propriétés de moindre valeur, rendant plus difficile le relogement des propriétaires dans de bonnes conditions, tandis que le marché immobilier faisait face à la crise financière mondiale. De plus, certaines personnes résidentes, très attachées à leur logement, ont eu du mal à le quitter. Agglopolys a alors mobilisé ses services sociaux et mis en place une aide financière supplémentaire pour accompagner les ménages aux plus faibles ressources dans leur démarche de relogement. Certains ménages peinent toutefois à se reloger, et cette difficulté concerne d’autant plus les familles des «gens du voyage» (communautés nomades) sédentarisés n’étant pas propriétaires et ne bénéficiant pas du même régime d’aide que les autres. 

    En 2016, les eaux du Cosson, un affluent de la Loire, ont envahi une partie du site de la Bouillie, coupant les axes de circulation et forçant plusieurs foyers à évacuer les lieux. Selon Agglopolys, cet événement a accéléré le départ de plusieurs ménages devenus conscients de la vulnérabilité à laquelle ils étaient exposés en résidant sur le site. 

    Agglopolys a également dû solliciter une aide supplémentaire auprès de l’État et de la Région pour assurer le financement des acquisitions seulement un an après le début du projet en raison de la mise en vente rapide de plusieurs propriétés à la suite de l’annonce de la préemption.

Autres informations

  • Partenaires du projet

    Ville de Blois, Ville de Verneuil, Ville de Saint-Gervais-la-Forêt, Cabinet Chorème, 3 Ingénieurs Associés (3IA), Atelier de l’Île, Gerau Conseil 

  • Coûts et financement

    En 2019, l’acquisition des biens immobiliers s’élevait à 23,44 millions d’euros (eq. 34,82 millions de dollars canadiens en 2019). À partir de 2005, l’acquisition et la démolition sont financées intégralement par le Fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM), dit « fonds Barnier ». La valeur des biens immobiliers a été calculée sur la base de l’évaluation des Domaines (l’équivalent du Service de l’évaluation foncière au Québec) à laquelle ont été ajoutés 5% pour tenir compte de l’inflation. 

    Quant à l’aménagement du parc urbain, son coût est estimé à 6 millions d’euros (eq. 8,8 millions de dollars canadiens en 2024).

  • Références

    CARDINAL, Jérôme (2023). « Questionner les effets inégalitaires de la mise en place d’une solution fondée sur la nature face aux risques d’inondation. Étude de cas du territoire de La Bouillie, à Blois ». Développement durable et territoires Vol. 14, n°2. [DOI: https://doi.org/10.4000/developpementdurable.22869].

    PERRIN, Cécile (2019). « Pour prévenir les crues, Agglopolys «désurbanise» le site de la Bouillie (41) ». Banque des Territoires. [https://www.banquedesterritoires.fr/pour-prevenir-les-crues-agglopolys-desurbanise-le-site-de-la-bouillie-41] (consulté le 5 juin 2024).

    RODE, Sylvain (2008). « La prévention du risque d’inondation, facteur de recomposition urbaine ? L’agglomération de Blois et le déversoir de la Bouillie », L’Information Géographique, Vol. 72, n°2008/4, p. 6 à 26. [DOI: 10.3917/lig.724.0006].

    VEZON, Jean-Luc (2023). « Blois : le secteur de la Bouillie à la reconquête de la nature ». Magcentre.fr. [https://www.magcentre.fr/270398-blois-le-secteur-de-la-bouillie-a-la-reconquete-de-la-nature/#:~:text=Les%20travaux%20d'am%C3%A9nagement%20du,la%20nature%20et%20aux%20habitants.] (consulté le 5 juin 2024).

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