La Ville de Saint-Pierre-des Corps, dont l'entièreté du territoire est située en zone inondable, a construit plusieurs nouveaux bâtiments résidentiels en tenant compte du caractère inondable du site dans leur architecture. Cela se manifeste par la surélévation des surfaces habitables et des fondations sur pilotis au-dessus de la cote de crue.
Détails sur le projet
Statut
Complété en 2014
Porteur du projet
Ville de Saint-Pierre-des-Corps
Type de bâtiment adapté
Construction d’un bâtiment neuf
Milieu d’intervention
Suburbain
Contexte lié aux inondations
Saint-Pierre-des-Corps, où habitent près de 16000 personnes, est située entre la Loire et le Cher, à l’est de la ville de Tours, en France. Du fait de sa localisation, la commune est classée en zone d’aléa fort dans le Plan de prévention des risques d’inondation du Val de Tours. La vallée de la Loire a été affectée par trois crues majeures en 1846, 1856 et 1866, avec des hauteurs d’eau de six à sept mètres, ayant entraîné des ruptures de digues. Lors de la dernière inondation importante, en 1907, aucune digue n’a cédé mais la cote de crue a atteint les 5,5 mètres. Bien que les ouvrages de protection aient été rehaussés et renforcés depuis, une inondation majeure telle que celle survenue au 19e siècle inonderait entièrement le territoire de Saint-Pierre-des-Corps.
Description du projet
Dans les années 2000, la Ville de Saint-Pierre-des-Corps a procédé à la révision de son plan local d’urbanisme afin de l’arrimer au Plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) alors en cours d’élaboration par l’État. À partir de 2006, la Ville a initié différents projets immobiliers résilients, comme un immeuble d’habitation édifié au-dessus des plus hautes eaux connues dont les rez-de-chaussée sont des locaux commerciaux, ou encore un ensemble de logements collectifs construit sur un socle arboré d’une mosaïque bleue matérialisant les plus hautes eaux connues. Le projet des Jardins du Nouvel’R, aussi appelé Cour du petit pressoir, conçu de 2012 à 2014, fait partie de ces projets.
Bien qu’il ait été envisagé de construire le projet des Jardins du Nouvel’R hors de la zone inondable, la décision a plutôt été prise de faire preuve de sobriété foncière et de consolider le cadre bâti existant à l’intérieur de la zone inondable, permettant ainsi d’éviter l’artificialisation de terrains agricoles en marge de la ville. L’ensemble urbain de deux hectares a donc été aménagé sur le fonds de parcelles déjà construites, en cœur d’îlot, ce qui a nécessité une concertation avec les propriétaires.
Le projet compte 40 logements collectifs et seize maisons individuelles. Dans les immeubles multilogements, les espaces habitables ont été surélevés et les rez-de-chaussée, semi-ouverts, servent pour le stationnement ou l’entreposage. Les bâtiments disposent également de combles aménagés sous les toits prévus comme refuges en cas de crue majeure. Les maisons ont été édifiées sur pilotis et sont reliées entre elles par un réseau de passerelles. La faible emprise au sol permet de composer avec l’inondabilité du site et de favoriser l’écoulement des eaux en cas de crue. De plus, l’architecture sur pilotis est un moyen d’évoquer le risque dans le paysage. Entre les maisons et les logements collectifs, un espace engazonné en creux a été aménagé, permettant d’infiltrer et de stocker les eaux pluviales. Le château d’eau construit au milieu de l’îlot permet également de recueillir l’eau de pluie. L’espace a été requalifié en intégrant le passé maraîcher de la ville, ce qui se traduit par la conservation des cheminements piétonniers historiques, les «rottes» (allées piétonnes aménagées le long des parcelles cultivées), et la création de jardins potagers partagés.
Un important travail de sensibilisation et de communication a été réalisé auprès de la population résidente. Plusieurs conférences, rassemblant 600 personnes au total, ont été organisées sur les enjeux urbains, dont une portant spécifiquement sur le risque d’inondation. Plusieurs repères de crue ont été installés dans la ville, participant à la «culture du risque». En 2012, l’événement artistique «Jour inondable», imaginé par le collectif La Folie Kilomètre, a proposé à une centaine de personnes une simulation d’inondation majeure. Cette démarche, à visée pédagogique, a favorisé une prise de conscience du risque dont l’existence a été peu à peu oubliée, la dernière crue majeure remontant au début du 20e siècle.
Retombées
En 2013, le projet s’est vu décerner la médaille d’or du Challenge des Maisons Innovantes, et en 2015, le projet a reçu la médaille d’argent du Grand Prix d’Aménagement «Comment mieux bâtir en terrains inondables constructibles?»
DABANSENS, Arnaud (2019). L’architecture avec ou malgré l’eau. Maîtrise du risque dans les territoires inondables du Val de Tours, Mémoire de master 2 en Architecture, École nationale supérieure d’Architecture de Clermont-Ferrand (France). 136 p.
Saint-Pierre-des-Corps, où habitent près de 16 000 personnes, est située entre la Loire et le Cher, à l’est de la ville de Tours, en France. Du fait de sa localisation, la commune est classée en zone d’aléa fort dans le Plan de prévention des risques d’inondation du Val de Tours. La vallée de la Loire a été affectée par trois crues majeures en 1846, 1856 et 1866, avec des hauteurs d’eau de six à sept mètres, ayant entraîné des ruptures de digues. Lors de la dernière inondation importante, en 1907, aucune digue n’a cédé mais la cote de crue a atteint les 5,5 mètres. Bien que les ouvrages de protection aient été rehaussés et renforcés depuis, une inondation majeure telle que celle survenue au 19e siècle inonderait entièrement le territoire de Saint-Pierre-des-Corps.